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FIG. 15 (À DROITE) :
Planche illustrant diverses
sculptures faîtières.
© C. Coiffi er, 1982, p. 591.
nauté qui s’oppose à la moitié nyamenemba (gens
de la mère), associée au crocodile, animal amphibie,
ainsi qu’aux ancêtres maternels, et représentée
par une autre sculpture située à la base du mât supportant
l’oiseau de faîtage (fi g. 7). Gregory Bateson
(1932 : 405) relate cette dualité nyawi et nyame
dans un mythe évoquant les deux mâchoires du
crocodile ancestral originel qui produisirent cette
division entre le ciel et la terre4 en s’écartant. Un
autre mythe, enregistré par Jürg Wassmann (1991 :
192-195, Craig, 2010 : 67-68) dans le village nyaura
de Kandingaï, est fréquemment évoqué pour
justifi er la présence de ces sculptures faîtières. Il
met en scène deux soeurs qui découvrent en allant
pêcher une zone très poissonneuse. L’une d’entre
elles fait la rencontre d’un crocodile qui se présente
comme un homme. Peu après, celle-ci accouche
de deux oeufs. De l’un d’eux sort un aigle pêcheur
(tarangao ngawi) et de l’autre, un être mi-oiseau,
mi-crocodile5. Palyambu Namba du village de
Palimbeï (Coiffi er, 1994 : 1102) voit dans cet être
hybride la même différentiation qu’entre nyawi et
nyame. Kumut Kavun nous a conté un mythe très
similaire (Coiffi er, 1994 : 1094) ; les deux oiseaux
grandissent et un jour leur mère leur demande :
« Mes enfants, je me trouve dans le vent et la pluie.
Pourriez-vous me prendre et me transporter dans
votre nid6 situé en haut d’un grand arbre éléma7? »
Les deux frères s’acquittent alors de cette mission8
et lui apportent ensuite les cadavres de leurs
FIG. 13 (CI-DESSUS) : Oiseau
de faîtage de la maison
cérémonielle Walimdimi du
village chambri de Wombun.
© C. Coiffi er, 2018.
FIG. 14 (TOUT À GAUCHE) :
Sculpture faîtière de la
maison cérémonielle du
village sawos de Torembi.
© C. Coiffi er, 1988.