Avocat spécialisé en droit du
commerce de l’art et des biens culturels, exerçant
son métier entre Bruxelles et Paris, Yves-Bernard
Debie est connu d’un grand nombre des lecteurs
de ce magazine en sa qualité d’auteur, depuis
plusieurs années déjà, d’articles très célébrés
pour notre rubrique « Art et Loi ». Ces derniers
mois, il a été l’invité de presque tous les débats,
radiophoniques ou télévisés, autour de la question
des « restitutions », où il a pu faire entendre sa voix
critique sur ce dossier. La passion et la clairvoyance
dans l’expression de sa vision du droit auxquelles
Maître Debie nous a accoutumés doit autant à
son expertise en matière juridique qu’à son amour
pour l’histoire et les arts. Tel est du moins notre
ressenti, nourri par des conversations fréquentes
avec cet homme de loi, capable de réciter du Victor
Hugo deux secondes après avoir loué avec justesse
le charme de sa dernière acquisition en matière de
collection, le tout un verre de grand cru à la main…
Ce n’était donc qu’une question de temps
pour que nous lui proposions un changement de
rubrique et que nous l’invitions à se présenter sous
un autre jour, plus personnel.
Tribal Art magazine : Vous avez fait du droit
du commerce de l’art votre domaine d’expertise
professionnelle. Cette discipline vous a-t-elle
particulièrement séduit au cours de vos études
universitaires ou votre intérêt pour les arts était-il
antérieur ?
Yves-Bernard Debie : Mon père était directeur
de l’Académie des beaux-arts d’Anderlecht à
Bruxelles et mon grand-père artiste-peintre, tous
les deux étaient par ailleurs des collectionneurs
insatiables : l’art, je suis tombé dedans tout petit.
Pas de week-end, pas de vacances sans une visite
méthodique des musées, des antiquaires ou des
ventes publiques. Si le petit garçon d’alors n’était
pas toujours ravi d’être ainsi traîné des aprèsmidi
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entiers aux musées du Capitole à Rome,
aux Offi ces de Florence, au Louvre ou dans tous
les musées ou expositions de Bruxelles et Paris,
l’homme qu’il est devenu en est reconnaissant.
Qu’il s’agisse des oeuvres antiques, de la Haute
Époque, de la Renaissance, des primitifs fl amands,
du raffi nement du XVIIIe siècle français, du
romantisme du XIXe ou des ruptures brutales
et passionnantes du XXe siècle, en famille nous
vivions par et pour l’art.
Yves-Bernard Debie
ou l’art au quotidien
Propos recueillis par Elena Martínez-Jacquet
PERSONNALITÉ