de samouraï, ou katana, avec monture dite handachi. Ce type d’épée était
généralement porté soit au combat, soit lors d’occasions semi-offi cielles. Les épées
avec monture handachi ne sont pas courantes, car elles étaient destinées à un
usage sérieux, contrairement aux modèles créés plus tard pour les touristes ou
comme souvenirs. Comme la plupart des épées handachi, l’épée accrochée au
mur de la demeure de Red Cloud semble être d’une qualité relativement élevée.
Elle semble également être en très bon état. Les cordons de soie enveloppant la
poignée sont intacts, tout comme le fourreau en bois laqué. Ces deux éléments
sont assez fragiles … et s’abîment facilement. L’épée semble également ne
pas avoir été altérée, mis à part la cordelette qu’on lui a attachée au sommet
du fourreau pour la suspendre. Cet élément n’est pas authentique et constitue
certainement une légère modifi cation apportée par Red Could ou un autre
Indien. » (Bleed 1987 : 113).
16. Nozu est parfois orthographié « Notzu ».
17.Bleed (1987 : 115) n’a pas mentionné Nozu Michitzura par son nom, bien
qu’il ait également écrit qu’« en septembre 1876, … trois offi ciers de
haut rang de l’armée impériale japonaise récemment créée ont visité Camp
Robinson sur invitation du gouvernement des États-Unis et sont passés par la
réserve de Red Cloud, qui était à l’époque située non loin du poste militaire ».
Bleed prend la peine de souligner qu’« aucun document n’indique que ces
offi ciers aient rencontré le chef Red Cloud, même s’il est raisonnable de le
penser, vu leur statut de visiteur offi ciel. »
18. Informations fournies par le prof. Abe Juri (Rikkyo University, Tokyo),
communication personnelle avec C. Marino, octobre 2014.
19. Les trois représentants offi ciels du Japon qui ont atteint le légendaire Fort
Laramie au coeur de la frontière de l’Ouest, puis Camp Robinson et les environs
de la réserve de Red Cloud ont été les premiers Japonais à le faire. Membres
d’une vaste délégation japonaise aux États-Unis, ils devaient d’une part assister
aux célébrations du Centenaire des États-Unis en 1876 et, d’autre part, recueillir
des informations fi ables et récentes dans le domaine militaire.
Comme le reste des visiteurs étrangers à Philadelphie, les représentants
japonais avaient entendu parler de la terrible défaite du général Custer et
avaient également été informés des mesures immédiates que le ministère de
la guerre américain allait prendre en réaction à la débâcle de Custer face aux
« hostiles » Sioux et Cheyenne. Pour les Japonais, cette situation représentait
une opportunité unique. La correspondance offi cielle entre le ministère de
la guerre et le secrétaire d’État indique que les membres de la délégation
japonaise ont exprimé leur désir de se rendre dans les forts de l’Ouest afi n
d’observer les préparatifs de la campagne militaire qui allait être menée contre
les Indiens. Du point de vue pratique, les fonctionnaires japonais ont justifi é
leur demande par des raisons purement militaires, parfaitement comprises par
leurs hôtes américains et ne laissant place à aucune ambiguïté politique.
20. L’histoire du sabre japonais, du chef indien et du colonel nippon est
probablement loin d’être terminée. Des membres de la famille de Red Cloud
ont récemment proposé à des producteurs hollywoodiens de tourner un fi lm
relatant la rencontre improbable entre Red Cloud et le colonel Nozu.
21. Les Blackfeet constituent une tribu majeure de la vaste famille des langues
algonquiennes. Autrefois une puissante culture équestre, ils occupaient un
immense territoire sur le versant est des Rocheuses, entre le Montana actuel
et les provinces canadiennes d’Alberta et de Saskatchewan. Ils se désignaient
eux-mêmes comme les Niitsitapi, le « vrai peuple », et étaient vaguement
organisés en une confédération composée de quatre groupes majeurs
indépendants : les Siksika, ou Blackfeet (Pieds-Noirs) ; les Ahkainah Kainai,
ou Blood (Gens-du-Sang) ; et les Ahpikuni Pikanii, ou Peau mal tannée.
Ceux-ci sont eux-mêmes divisés en deux branches, les Piégans du Nord et
les Piégans du Sud. Ces derniers occupent aujourd’hui la grande réserve
Blackfeet dans le nord du Montana et constituent la tribu Blackfeet reconnue
par le gouvernement fédéral américain, avec plus de seize mille membres
recensés. Les trois autres groupes se trouvent au Canada, où ils sont appelés
collectivement Blackfeet. Ils vivent dans leurs réserves respectives dans le
centre-sud de la province d’Alberta, en l’occurrence les réserves Siksika, Blood
et Pikanii, pour une population totale de dix-sept mille membres recensés
offi ciellement. Les Blackfeet des États-Unis et les Blackfeet du Canada
ont beaucoup de points communs, dont la langue, l’identité ancestrale,
122
les traditions et les cérémonies, notamment leur danse du soleil annuelle,
également appelée Medicine Lodge.
22. D’après l’ancienne histoire orale tribale (Blackfeet Tribe 2014), « aux
tous premiers jours du XVIIIe siècle, les expéditions guerrières partaient
généralement au printemps, se dirigeaient vers le sud où les chevaux
abondaient, étaient absentes durant tout l’été et l’hiver et revenaient l’été
ou l’automne suivant avec de grands groupes de chevaux …. On raconte
que pendant ces voyages, les guerriers se rendaient à Spai’yu ksah’ku, qui
signifi e « les terres espagnoles » …. Ils allaient jusqu’au Mexique, ou au
moins jusqu’au Nouveau-Mexique, revenant avec des chevaux espagnols
marqués et quelques mules marquées également, car, à cette époque, il n’y
avait pas beaucoup de chevaux dans les Plaines. … De leurs incursions
dans ces contrées éloignées, ils rapportaient parfois des armes de conception
étrange, des lances, des haches et des épées, que personne n’avait jamais
vues auparavant. … Une épée, décrite comme ayant une longue et fi ne lame
droite, incrustée d’un motif de fl eur en métal jaune sur tout le côté arrière,
était probablement une ancienne rapière espagnole » (Blackfeet Tribe 2014,
non paginé).
23. Drew (1980 : 62) a écarté la possibilité selon laquelle le katana puisse être un
accessoire, affi rmant : « Rien n’indique que Norman Caple ait apporté ce sabre et,
de toute façon, il se trouvait à Alberta pour réaliser des photos réalistes, comme le
prouvent certains de ses autres clichés représentant des Blackfeet. »
24. « En 1895, le révérend Canon Stocken, le missionnaire anglican en poste auprès
des Blackfeet d’Alberta, se rendit au Japon pour y épouser sa deuxième femme,
Gertrude Cox, qui était elle-même missionnaire au Japon depuis quelques
années. Après son mariage, le couple est revenu à Gleichen, Alberta, et a repris
ses activités missionnaires parmi les Blackfeet » (Bleed 1987 : 115).
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