DOSSIER
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une ou plusieurs grandes maisons cérémonielles
construites parallèlement au fl euve, de façon générale.
Ces édifi ces, réservés aux seuls hommes initiés,
étaient appelés ngekau. Brigitta Hauser-Schaüblin
(1989 : 379-404) a publié les anciennes photographies
de nombreux édifi ces arborant ces emblèmes.
Ces sculptures étaient couramment appelées chez
les Iatmul kwangu-wawi, soit, littéralement, tambour
portable-oiseau (fi g. 2 et 25). Les hommes se
réunissaient dans ces édifi ces, autour d’un tabouret
d’orateur pour discuter des problèmes concernant
la communauté (Garnier, 2018) et il était de bon
ton pour eux de passer plus de temps dans le ngekau
que dans leur maison familiale.
Il existait également de plus petites maisons
communes, les mbolé réservées aux adolescents
et les ntegal pour héberger les jeunes hommes
non encore initiés. Cette organisation se retrouvait
également avec quelques différences, dans les
villages des communautés voisines comme chez
les Manambu et les Sawos. Les ntegal étaient des
ngekau en réduction et ils présentaient également à
chacune des extrémités de leurs pignons des sculptures
faîtières. Ces dernières étaient cependant
moins impressionnantes que celles des ngekau et
elles étaient réalisées le plus souvent en terre cuite2.
Ces poteries représentaient des oiseaux waugula
(Scythrops novaehollandiae) connus pour leurs
cris perçants. Les musées allemands conservent
dans leurs collections quelques spécimens de poteries
faîtières anciennes (fi g. 4 et 12) rapportées par
les premières expéditions (Reche, 1913 : planche
XXXIV, Kelm, 1966 : 367-368, 370). Ces poteries
présentaient des motifs similaires à ceux des sculptures
en bois, c’est-à-dire un oiseau placé dans le
dos d’un personnage. Les poteries plus récentes
réalisées pour la vente aux touristes sont parfois
surmontées d’un coq (fi g. 9).
Dans certains villages, la coutume veut que l’édifi
ce ne porte pas d’emblème ailé, comme c’est le
cas depuis longtemps, pour la maison Païembit du
village de Palimbeï3. Jusqu’à la fi n du siècle dernier,
le village sawos de Nangosap possédait des édifi ces
avec des sculptures faîtières en bois et d’autres
avec de simples poteries, ou ao. Celles portant
des sculptures en bois étaient considérées
comme des maisons chevelues (nambuyuwi)
alors que celles avec de simples poteries étaient
appelées des maisons chauves (nambutale).
En 1986, sur les cinq maisons cérémonielles
FIG. 5 (EN BAS) : Poterie de
faîtage collectée en 1972,
village d’Aïbom, PNG.
H. : 49 cm. Collection particulière.
FIG. 6 (EN BAS À DROITE) :
Poterie de faîtage en
situation sur un pignon
de la maison cérémonielle
Mbitcho du village iatmul de
Timbunke, PNG.
© C. Coiffi er, 1988.
FIG. 7 (AU MILIEU
À DROITE) : Maison
cérémonielle Wolimbit
du village iatmul de
Kanganaman, en cours de
restauration. PNG.
La sculpture de pignon surmontée
de son mât est visible au centre de
l’échafaudage central
© C. Coiffi er, 1994.
FIG. 8 (EN HAUT À
DROITE) : Sculpture faîtière
de la maison cérémonielle
Nyanglambi du village iatmul
de Yentchen. PNG.
© C. Coiffi er, 1979.
FIG. 9 (PAGE DE DROITE,
EN HAUT À GAUCHE) :
Sculpture faîtière de la
maison cérémonielle du
village kapriman de Kreïmbit,
PNG.
© C. Coiffi er, 1988.