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Ex Africa
Histoires et identités
d’un art universel
Par Deborah Dainese
Après Africa. Capolavori da un continente
(2003) et Africa. Terra degli Spiriti (2015), l’Italie
accueillera à nouveau au printemps les grands
arts de l’Afrique subsaharienne dans le cadre d’une
exposition prometteuse intitulée Ex Africa. Storie
e identità di un’arte universale, produite par CMS.
Cultura et organisée par Gigi Pezzoli et Ezio Bassani
(à la mémoire duquel l’événement sera consacré),
avec l’aide de prestigieux spécialistes italiens et
européens. L’exposition revêt immédiatement un
caractère particulier, dans la mesure où elle propose
au spectateur un parcours généraliste qui le mène à
la découverte des cultures africaines à travers neuf
sections à la thématique parfois inédite.
Le fi l rouge de l’exposition est l’histoire. Des
histoires d’art, d’hommes, d’identité, de rencontres
fortuites, de grands et de petits événements. Des
faits qui, par leur caractère exceptionnel, ont également
trouvé leur place dans les écrits de Pline
l’Ancien qui, dans son oeuvre monumentale Naturalis
Historia, avait transposé l’ancien proverbe :
« Semper aliquid novi Africam adferre » (l’Afrique
produit toujours quelque chose de nouveau), transformé
ensuite en « Ex Africa semper aliquid novi »
(de l’Afrique vient toujours quelque chose de nouveau)
; il faisait par là référence à la nouveauté,
à l’imprévu et aux événements extraordinaires qui
ont toujours caractérisé l’Afrique.
L’expression ancestrale « Ex Africa » est reprise
dans le titre même de l’exposition mais, comme
le suggère Gigi Pezzoli, elle fait également allusion
à autre chose, « à un monde traditionnel de
l’Afrique noire désormais disparu, qui a été défi -
nitivement transformé par l’infl uence du modèle
culturel et consumériste de l’Occident. En effet, il
est désormais grand temps de proposer une vision
globale qui tente de restituer aux oeuvres d’art, à
leurs créateurs, à ceux qui les ont collectées et aux
personnes qui les entourent – notamment dans une
exposition – leur singularité, leur parcours individuel,
celui qu’ils empruntent en établissant ou en
rompant certaines relations. Notre intention n’est
donc pas seulement d’évoquer ici des objets et des
hommes à travers le prisme de leur condition originelle,
mais aussi de nous interroger sur les objets et
les hommes qui se trouvent hors de l’Afrique, car
ces questions sont maintenant indissociables. Cela
revient à souligner le caractère contemporain des
thèmes que nous traitons : il est question de processus
en cours, de situations actuelles et pas seu-
FIG. 1 (À GAUCHE) : Tête de
reliquaire eyema byeri. Fang,
Gabon. Fin XVIIe siècle -
première moitié XVIIIe siècle.
Bois, métal et miroirs. H. : 48 cm.
Neuchâtel, musée d’Ethnographie.
Alain Germond © Musée
d’Ethnographie de Neuchâtel, Suisse.