MUSÉE À LA UNE
110
FIG.16 (EN BAS À GAUCHE) :
Sculptures zoomorphes en bois
peint utilisées lors de danses
cérémonielles igbo.
Kitson (?), avant 1913, village
de Umbagbu Oha (Mgbagbu
owa), Nigeria.
© The Geographical Journal.
laisseront pas passer “le train Picasso” sans s’y accrocher
5. » L’intérêt pour l’art fang, porté aux nues
par le marché de l’art, est, selon lui, le symbole
de ce goût pour les styles rassurants – « l’audace
mesurée » – à l’opposé de la terrible présence des
masques igbo (fi g. 14).
Fonctionnant à l’envie et au « coup de coeur »
pour des formes inédites, Ewa et Yves Develon expriment
une certaine distance vis-à-vis des pedigree
prestigieux qui, selon eux, nuisent au plaisir de la
découverte. Le caractère inédit de la plupart des
sculptures de la collection n’empêchera toutefois
pas leur publication dans des ouvrages marquants
des cinquante dernières années, tels Chefs-d’oeuvre
inédits de l’Afrique noire (1987) ou L’Art africain
(1988) de Jacques Kerchache (fi g. 13).
De même, Ewa et Yves Develon ne se montrent
nullement effrayés par les pièces « atypiques » alors
FIG. 13 (À DROITE) :
Masque. Idoma,
Nigeria, région de la basse
Bénoué.
Don d’Ewa et Yves Develon,
inv. 2018.14.17, musée des
Confl uences.
© Ewa Develon.
FIG. 14 (AU MILIEU,
À GAUCHE) : Masque
agbogho mmwo. Igbo, sudest
du Nigeria.
Don d’Ewa et Yves Develon,
inv. 2018.14.14, musée des
Confl uences © Pierre-Olivier
Deschamps / Agence VU’.
FIG.15 (EN BAS À DROITE) :
Emblème. Igbo, sud-est du
Nigeria.
Don d’Ewa et Yves Develon,
inv. 2018.14.30, musée des
Confl uences © Gregor Podgorski.
même qu’un objet sans équivalent formel suscite
souvent le rejet sur le marché de l’art. Tel est le cas
d’un masque (fi g. 8) et d’une statue achetés comme
provenant de la ville de Zuru, au nord-est du Nigeria,
région dont on ne connaît que quelques fi gures
en terre cuite. Il en est de même d’un « emblème »
monumental et complexe (fi g. 15), dont seule une
photographie (fi g. 16) publiée en 1913 dans un article
d’Albert Ernest Kitson6 permet d’en documenter
l’usage au début du XXe siècle dans la région igbo.
Comme aime à le répéter Yves Develon, leur
collection se conçoit, plus largement, comme
un hommage rendu aux sculpteurs africains. Le
couple est, en effet, particulièrement sensible aux
solutions plastiques originales découvertes par les
créateurs qui, quels que soient les continents, ont
à résoudre des « problèmes de sculpteurs ». Cet
intérêt pour l’infi nie diversité des partis pris esthétiques
explique le goût du couple pour les objets
en apparence maladroits, à l’image des sculptures
bassa-nge qu’ils ont régulièrement mises à l’honneur.
« La somme des déséquilibres partiels nous oriente
vers un équilibre profond » déclare Yves au sujet