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FIG. 3 (À DROITE) : Figure
de reliquaire. Kota-Sango,
Gabon.
Bois, métal. H. : 29 cm.
Collection privée, Belgique. Studio
Asselberghs.
de donner matière à une telle schématisation pour
exister ; ils sont simplement de l’art, un art qui
mérite d’avoir sa place parmi les autres. C’est aussi
le sens même de cette partie de l’exposition, que le
propos d’Ezio Bassani extrait du catalogue illustre
parfaitement : « Je crois que la perfection formelle
(à ne pas confondre avec l’esthétique, qui est
une question de goût) est une qualité intrinsèque
de toute oeuvre d’art et est le résultat de choix
conscients de l’auteur. Elle existe donc toujours,
nue, pratiquant la magie noire, voire anthropophages.
Il s’agit, en somme, d’une première histoire
crue, dont le but est de susciter la réfl exion.
La première section de l’exposition à proprement
parler a été conçue par Gigi Pezzoli et Ezio
Bassani, avec la collaboration d’Elio Revera. Intitulée
Art tout-court, elle donne tout son sens à l’adjectif
« universel » donné dans le titre de l’exposition.
Pendant longtemps, les arts africains ont été
qualifi és à tort de « cubistes », « abstraits », « réalistes
» ; ils étaient, autrement dit, désignés selon
une classifi cation occidentale visant à les intégrer
dans notre imaginaire commun. En réalité, comme
chacun le sait, les objets africains n’ont pas besoin
FIG. 2 (CI-DESSOUS) : Man
Ray, Noire et Blanche, 1926.
Nouveau tirage de 1980.
Collection privée, Avec l’aimable
autorisation de la Fondazione Marconi,
Milan. © The Museum of Modern Art,
New York, Scala, Florence. © Man Ray
Trust by SIAE 2018.
lement de témoignages d’une époque lointaine ».
L’objectif de l’exposition est clairement posé : elle
entend proposer une réinterprétation du passé
depuis le prisme, assez particulier, de l’Italie du
XXIe siècle.
L’exposition s’ouvre par une série de clichés
sélectionnés par Gigi Pezzoli, qui permettent de
retracer les premiers contacts à l’époque moderne
entre l’Europe et les contrées des côtes africaines,
lesquels étaient à l’origine purement établis à des
fi ns d’exploration. Le résultat, dans ce cas-ci, n’est
pas joué d’avance. Nous verrons comment la curiosité
et les perspectives économiques céderont peu
à peu la place à la terrible traite des Africains, aux
stéréotypes, à la légitimation de la domination des
Blancs sur les Noirs. Cet aspect se refl ète aussi dans
la représentation même de ces hommes, assimilés à
des animaux, à des êtres innommables, sans rete-
EX AFRICA