plus de dix années la première visite de Finsch en
Nouvelle-Guinée, il dépendait entièrement pour ses
informations de sources extérieures.
En 1878, Finsch démissionna de son poste à Brême
pour obtenir une bourse de voyage de l’Alexander
von Humboldt-Stiftung. Cette fondation, créée peu
après la mort de Humboldt en 1859, avait déjà
fi nancé des expéditions en Amérique du Sud et en
Afrique, mais Finsch fut le premier voyageur à recevoir
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une aide fi nancière pour son projet dans le Pacifi
que. Sa proposition initiale de partir un an en Micronésie
s’étendit fi nalement à plus de trois ans, du
milieu de l’année 1879 à la fi n de l’année 1882, et le
conduisit à Hawaï, aux îles Marshall, Gilbert et Caroline,
à Nauru, en Nouvelle-Irlande, en Nouvelle-
Bretagne, en Nouvelle-Zélande, en Australie, dans
le sud-est de la Nouvelle-Guinée, en Indonésie et au
Sri Lanka. Au cours de ses voyages, Finsch garda
l’esprit « d’anthropologie du sauvetage », collectant
de très nombreux oiseaux et animaux empaillés, des
plantes séchées, des fossiles, des objets culturels et
des restes humains, tout en soulignant constamment
leur disparition rapide et le besoin urgent de « sauver
ce qui pouvait encore l’être, avant que l’infl uence
croissante du commerce et de la mission ait complètement
détruit les derniers vestiges de l’ancienne
vie naturelle de ces insulaires » (Finsch 1882 : 553-
554). La plupart de ces collections ont été incorporées
dans le Königliche Museen de Berlin, bien que
Finsch ait été autorisé à conserver des spécimens
« en double ». Il documenta également méticuleusement
ses observations de terrain à travers des journaux,
des dessins et des photographies. Il publia de
nombreux articles sur ses voyages, à la fois dans des
publications populaires et spécialisées.
L’expérience du terrain complexifi a considérablement
les idées de Finsch sur la différence entre les
humains, tant d’un point de vue physique que culturel.
Il devint moins confi ant, non seulement dans la
validité des diagnostics « raciaux » – couleur de la
peau, angle facial, indice céphalique – privilégiés
par les anthropologues physiques, mais aussi dans
l’existence de distinctions claires et constantes entre
les « races ». De même, son hypothèse initiale que
le mode de vie des peuples « sauvages » affi cherait
une série de caractéristiques correspondant à leur
stade de développement perçu fut mis à l’épreuve
par les Tolai de Nouvelle-Bretagne orientale, qui le
convainquirent au fi l des sept mois passés sur place
que la nudité et le cannibalisme, marqueurs apparemment
non équivoques de la sauvagerie d’un
point de vue européen, pouvaient coexister avec
des marqueurs de civilisation également non équivoques,
tels que « la culture réglementée du sol »,
« un grand amour de la musique » et l’utilisation
d’un « moyen d’échange correspondant à la monnaie
européenne » (Finsch 1883 : 445).
Peu après son retour en Allemagne, Finsch
s’associa au Konsortium zur Vorbereitung und
Errichtung einer Südsee-Insel-Compagnie (Consortium
pour la préparation et la création d’une société
des îles des mers du Sud), devenu plus tard le
Neu Guinea Compagnie, un petit groupe infl uent
d’Allemands souhaitant établir des colonies en
Océanie. Adolph von Hansemann (1827-1903), à
la tête du groupe, chargea Finsch de mener une expédition
sur « les côtes inconnues ou peu connues
de la Nouvelle-Bretagne, ainsi que la côte nord de
FIG. 4 (CI-DESSUS) :
Aquarelle du support Otto
et Elisabeth Finsch (1892-
97) : Kaiser Wilhelms-Land.
Ahnenfi gur: Finschhafen
(Figure d’ancêtre du nordest
de Nouvelle-Guinée :
Finschhafen).
Dr O. Finsch: « Beiträge zur
Völkerkunde der westlichen Südee. »
Originalbilder, Taf. 27, I. Wohnstätten,
Taf. XXVII.
Inscription au revers : Wohnstätten,
Taf. XXVII (S.240) / Neu Guinea /
« Abumtau Gabiang »: Ahnenfi gur /
Isuam, Finschhafen.
Aquarelle sur papier, montée sur un
support cartonné.
Avec l’aimable autorisation de la
Division of Anthropology, American
Museum of Natural History, New York.
Finch Archives, boîte 31.
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