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FIG. 8 (CI-DESSUS) : Masque collecté dans
la région de Zuru, Nigeria.
Collection Ewa et Yves Develon © Alain Lebas.
passion pour les arts africains et la sculpture du Nigeria
en particulier. L’exposition Désir d’art, présentée
du 8 février au 12 mai 2019, poursuit cet objectif,
en s’attachant à décrire leur parcours d’esthètes
et de marchands ainsi que l’esprit de leur collection.
NAISSANCE D’UNE PASSION
Yves Develon aime à se défi nir comme un « amateur
d’art » plutôt que comme un collectionneur. De fait,
si le destin l’a mis sur la route des arts d’Afrique,
sa sensibilité aurait pu le conduire vers d’autres ailleurs.
« Je crois, déclare-t-il, que si j’étais allé chez
les Papous en Nouvelle-Guinée, j’aurais probablement
collectionné de l’art papou !1 » Car c’est
bien par l’expérience de terrain que la rencontre
avec les objets africains s’opère. Au milieu des
années 1960, alors qu’il est consultant dans un
cabinet de conseil en gestion sociale, il est envoyé
en mission en Côte d’Ivoire, auprès des ministères
du Plan et du Travail. À Abidjan, Yves Develon
achète ses deux premières pièces : une petite porte
de grenier dogon (fi g. 11), d’une élégante simplicité,
et une statuette baule. Ces objets, encore assez
modestes, constituent néanmoins les premiers
jalons d’une puissante passion, précieusement
conservés dans la collection du couple.
À partir de 1972, toujours dans le cadre de ses
activités professionnelles, Yves Develon séjourne
au Cameroun. À la suite d’autres collectionneurs
français ou belges, tels Jacques Kerchache ou
Philippe Guimiot2, il découvre à Foumban l’esthétique
alors méconnue des sculptures de l’est du
Nigeria. Plusieurs pièces importantes entrent ainsi
en sa possession, formant le socle d’une collection
orientée vers les arts de la Bénoué, de la Cross
River et du pays igbo. Ces achats en Afrique sont
complétés par des acquisitions à Paris, auprès de