DOSSIER
ne pas être tout à fait similaires dans la mesure où
elles appartiennent à des clans différents. L’espèce
d’oiseau représenté sur les maisons ngekau est diffi
cilement défi nissable, il s’agit souvent d’un être
mythique considéré souvent comme une sorte
d’aigle-pêcheur ngawi (Harpyopsis novaeguineae).
Parfois ces oiseaux peuvent avoir un bec recourbé
comme celui d’un cormoran (Phalacrocorax carbo)
ou d’une frégate (Fregata minor) tout en ayant un
corps de crocodile (Coiffi er, 1982 : pl. 366). Le
thème de l’oiseau associé à un crocodile se retrouve
également sur les embouts sculptés de gourde à
chaux cérémonielle. Ces représentations varient en
fonction des diverses interprétations de l’exégèse
d’un mythe d’origine selon les clans et les villages.
À Wombum dans les lacs Chambri, la maison Walimdimi
est surmontée de deux aigrettes agrippant
des personnages (fi g. 13). Ainsi, dans la majorité
des cas, les sculptures faîtières représentent des oiseaux
se nourrissant de poissons. Il n’est pas exclu
que des calaos (Rhyticeros plicatus) soient parfois
représentés. Cet oiseau se nourrit de graines, mais
localement celles-ci sont souvent assimilées à des
têtes humaines. Ces sculptures sont souvent peintes
(fi g. 14), mais avec le temps et les intempéries leurs
couleurs disparaissent et leur bois se trouve raviné
par les pluies. Des motifs claniques peuvent parfois
être gravés sur leur base.
FABRICATION DE CES SCULPTURES
FAÎTIÈRES
Les sculptures d’oiseaux aux ailes déployées sont
toujours réalisées comme les sculptures de pignon
dans la partie basse d’un arbre pour utiliser les
formes naturelles des contreforts. L’essence choisie
doit être très solide et résister aussi bien à la pluie
qu’aux ardeurs du soleil. C’est pourquoi les bois de
miamba (Vitex confossus) ou de kwarap (Intsia bijuga)
sont le plus souvent employés. L’importance
du bois avec lequel ces sculptures sont réalisées est
primordiale, car il en représente l’ossature au sens
propre (Coiffi er et Orliac, 2000-2004). La base de
ces sculptures est appelée kwangu (littéralement :
tambour portable) car elle est évidée de la même
manière que pour la fabrication d’un tambour par
brûlage et piochage (fi g. 25). C’est cette cavité qui
permet d’enfoncer la sculpture sur l’extrémité du
mât. Toute la fabrication se doit de suivre des rituels
particuliers, comme pour le tabouret d’orateur et
les sculptures de pignon. Elle doit être exécutée
FIG. 19 (CI-DESSUS) : Maison cérémonielle Wolimbit
du village iatmul de Kanganaman, PNG.
© C. Coiffi er, 1972.
FIG. 20 (À GAUCHE) : Sculpture faîtière
woliyangengawi d’un des pignons de la maison
cérémonielle Wolimbit du village iatmul de
Kanganaman, PNG. Collectée par Jean Guiart en
1965/66.
H. : 193 cm.
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris,
inv. 72.1965.14.45.
FIG. 21 (CI-DESSOUS) : L’artiste et son oeuvre, une
nouvelle sculpture faîtière pour la maison cérémonielle
Wolimbit du village iatmul de Kanganaman, PNG.
© C. Coiffi er, 2000.