75
FIG. 2 (À DROITE) : Autoportrait d’Hongi Hika (c. 1772-1828),
Ngā Puhi iwi. Maori, Sydney, Australie. 1814.
Bois. H. : 35 cm.
Macleay Museum, Sydney, inv. ETI.570.
Ce buste est l’un des trois autoportraits réalisés par Hongi Hika
lors de sa première visite à Sydney au début du XIXe siècle.
Hika était un invité avec d’autres rangatira et Maoris ayant
voyagé depuis la Nouvelle-Zélande avec Thomas Kendall, un
missionnaire. Ils ont séjourné dans la ferme de Parramatta chez
le révérend Samuel Marsden entre août et septembre 1814.
Marsden et Kendall voulaient tous deux établir la première
mission chrétienne en Nouvelle-Zélande et recherchaient
l’acceptation et le patronage de rangatira, dont Hika.
Connu par Marsden, Kendall et d’autres sous le nom de
« Shungee » (leur interprétation de Hongi), Hika est une fi gure
importante de l’histoire des Maoris au début du XIXe siècle. Bien
qu’il soit surtout célèbre pour ses prouesses en tant que chef
de guerre, il fut aussi l’un des premiers rangatira à accueillir
l’établissement du christianisme en Nouvelle-Zélande, même s’il
n’est lui-même jamais devenu chrétien. Sa contribution la plus
durable est sa grande participation à la première version écrite
du Te Reo, la langue maorie. Lors de la première visite d’Hika à
Sydney, Marsden l’a décrit comme un homme doux, poli et au
« caractère très raffi né ». Hika s’est intéressé à l’agriculture et
aux technologies utilisées à Sydney, et plus particulièrement à la
menuiserie, la forge, la maçonnerie de pierre et l’utilisation du blé
pour faire du pain.
Il y a trois autoportraits d’Hika connus et ils auraient tous
été réalisés lors de sa visite à Sydney en 1814 à la demande de
Marsden. Ce dernier désirait obtenir des exemplaires d’oeuvres
d’art et d’artefacts maoris à envoyer en Angleterre en guise de
cadeaux à la Church Missionary Society pour l’aider dans son
objectif d’établir une station missionnaire en Nouvelle-Zélande.
Marsden aurait demandé, en parlant d’Hika : « Je veux envoyer sa
tête en Angleterre. Il doit donc soit me la donner, soit en sculpter
une en bois à l’identique ». Il s’agissait probablement d’humour
noir et l’acceptation d’Hika de ce qui aurait autrement pu être
une remarque outrancière pourrait témoigner d’un lien fort entre
ces deux hommes. Le buste montre qu’Hika excellait dans l’art de
la sculpture (whakairo). Il a utilisé du bois provenant d’un vieux
poteau en bois trouvé sur la propriété de Marsden, probablement
de l’Eucalyptus tereticornis, et a confectionné son burin à partir du
cerceau de fer d’un tonneau qu’il a attaché à un manche.
Le format d’un buste isolé correspond davantage aux
traditions artistiques européennes et était pratiquement inconnu
dans l’art maori de cette époque. C’est peut-être parce ces bustes
ont été réalisés hors de l’environnement culturel d’Hika qu’il s’est
senti libre d’innover sur le plan créatif.
Hika s’est ultérieurement rendu en Australie et en Grande-
Bretagne, essentiellement pour se procurer des mousquets à
utiliser lors des campagnes de guerre contre ses ennemis. Ces
armes à feu sont un élément clé des Guerres des mousquets au
cours desquelles Hika avait au début l’avantage grâce à celles-ci.
Il en gagna un atout grâce à ses expériences à Sydney, car il
était capable d’appliquer les connaissances qu’il y avait acquises
et a introduit des outils agricoles ainsi que le recours au travail
d’esclaves pour la culture de pommes de terre, créant ainsi une
source de revenus et libérant le temps que ses guerriers passaient
à l’agriculture pour le consacrer à l’expansion militaire.
Le succès des campagnes d’Hika pendant les Guerres des
mousquets constitue certainement un facteur déterminant dans
l’annexion de la Nouvelle-Zélande par la Grande-Bretagne et
dans la conclusion du Traité de Waitangi en 1840.
MOKO
contrôle strict. Elles représentaient un droit de naissance,
un statut héréditaire reconnu ou un signe de
reconnaissance suite à la réalisation d’actes ayant
rapporté un mana spirituel important en matière de
leadership, d’apprentissage ou de guerre. C’était, et
c’est toujours, une façon de montrer aux curieux la
considération d’une personne, son mana, son statut,
son autorité héritée et son expertise, entre autres informations.
Un moko facial n’indique pas seulement