INDIENNES
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FIG. 29 (CI-DESSUS) :
Épée efu dachi. Lame signée
Kinmichi. Mino ou Kyoto,
Japon. Époque d’Edo.
Vers 1769.
Acier, peau de requin, bois, laque,
bronze, or, soie. L. : 100 cm.
National Museum of Natural History,
Smithsonian Institution, inv E404,671.
Don de Morris Calef, 1953.
Cette épée est relativement similaire à
celle tenue par Gah-Gos-Sha-De-Bay
sur la fig. 28. Cet exemplaire n’a pas
encore été localisé.
contré personnellement. Red Cloud aurait également
pu l’obtenir auprès d’une autre personne à Washington,
qui l’aurait elle-même reçu de la mission Iwakura.
Cette personne éventuelle doit donc être considérée
comme une seconde source potentielle du katana.
La troisième possibilité est que Red Cloud ait pu
obtenir le sabre par l’intermédiaire du propriétaire
d’un magasin d’Omaha, dans le Nebraska, nommé
Julius Meyer. Juif originaire de Prusse, Meyer était
un jeune homme d’affaires audacieux qui avait émigré
aux États-Unis pour rejoindre ses frères et, après
la guerre de Sécession, avait ouvert une boutique de
souvenirs à Omaha (Nebraska). Il rendait souvent
visite aux Amérindiens du Midwest et des Plaines
et avait tissé des relations amicales avec les Pawnees,
les Winnebagos et même les Sioux, et s’était
lié d’amitié avec Red Cloud lui-même. Sa boutique,
« Indian Wigwam », était un passage quasi obligé
pour les Américains blancs et les Amérindiens qui
FIG. 28 (À GAUCHE) :
Portrait (de face) de Gah-
Gos-Sha-De-Bay, appelé
Joe Broad (Chippewa),
vêtu en partie d’une tenue
autochtone avec médaille de
la paix et coiffe et tenant un
sabre japonais, par De Lancey
W. Gill, février 1908.
Négatif sur plaque de verre. 17,78 x
22,86 cm.
National Anthropological Archives,
Smithsonian Museum Support Center,
Suitland, Maryland, BAE GN 00539A2
06145700.
Gah-Gos-Sha-De-Bay se tient debout
devant un écran à la Smithsonian
wearing portant une tunique à franges
et un pantalon à ruban et un sac perlé
pendu à son épaule. Il tient de sa
main droite un efu dachi atypique,
probablement un exemplaire de la
collection de la Smithsonian utilisée
pour compléter la pause. Cette épée
n’a pas été retrouvée encore.
des hommes comme
Young Man Afraid of
His Horses (Tašunke
Kokipapi, 1836-1893),
Red Dog (Šunka Luta,
1830-1882), Little
Wound (Taopi Gikala, 182-1901), et le plus ancien,
Red Leaf (Wahpe Luta, 1812-1895), auraient donc
probablement pris part à cette rencontre. Un autre
Lakota de premier plan, Spotted Tail, vivait à une
soixantaine de kilomètres au nord-est dans sa propre
réserve près de Camp Sheridan et se rendait souvent
dans la réserve de Red Cloud pendant cette période
difficile. Avec autant de personnalités potentiellement
sur les lieux, il est étrange que seul Red Cloud
ait pu recevoir un sabre japonais en cadeau. Pourtant,
ce katana semble être le seul à figurer dans les
documents d’archives consacrés à la région19.
Un tel cadeau devient encore plus étonnant lorsque
l’on sait que la raison principale de la venue du colonel
Nozu en pays indien consistait à observer comment
les forces militaires américaines se préparaient
à attaquer les Amérindiens à la suite de leur défaite
à Little Big Horn. Outre les troubles provoqués chez
les Sioux par la nouvelle de la « bataille de Custer »
et ses conséquences, d’autres profonds bouleversements
étaient causés par la relocalisation imminente
de la réserve, la confiscation des fusils et des chevaux
des Amérindiens, et l’abandon forcé des Black Hills.
Dans ce contexte, malgré le statut de Red Cloud, il
semble également très peu probable (quoique pas
impossible) que le dignitaire japonais, hébergé par
l’armée américaine, ait offert un sabre de samouraï
à un chef amérindien qui était en état d’arrestation
à l’époque.
Si l’on exclut le scénario Nozu, où le célèbre chef
Oglala aurait-il dès lors pu trouver un « long couteau
» à ce point singulier ? Il existe deux autres possibilités,
chacune étant liée au talent de négociateur
de Red Cloud et à sa qualité de meneur de plusieurs
délégations de Sioux en visite à Washington, D.C.
Nous avons exploré ci-dessus l’existence possible
d’un lien entre le mannequin de samouraï de la Smithsonian
et le mannequin de Red Cloud, sans oublier
que le séjour de Red Cloud à Washington, D.C. a
coïncidé avec la présence en 1872 de la mission Iwakura,
source potentielle directe ou indirecte du sabre.
Celui-ci aurait fait office de cadeau raisonnable au
chef sioux si les membres de la mission l’avaient renÉPÉES