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6. Holtom (1941 : 46) écrit : « Comme les anciens Grecs et les Germains, et
d’autres peuples du monde, les anciens Japonais ‘déifi aient’ leurs sabres et leur
donnaient des noms de kamis », car ils étaient réputés posséder des pouvoirs
spirituels.
7. Hartley et Buttweiler (1976 : sans pagination) écrivent : « Le journal de bord
du commodore Matthew Perry évoque un certain nombre d’épées offertes
au président de l’époque. En outre, une très belle épée fut remise à Perry
lui-même (à présent conservée à la Smithsonian Institution) et d’autres à
des membres de son équipage et du personnel. L’une d’entre elles, signée
Hizen no Kuni Kawachi no Kami Fujiwara Masahiro, en monture de tachi, fut
offerte au commandant Jacob Zeilen et est aujourd’hui exposée au Marine
Corps Museum de Quantico, en Virginie. D’autres furent offertes à d’autres
personnes. De la même manière, des épées de qualité furent offertes à d’autres
chefs d’État, par exemple un tachi de Magoroku Kanemoto, offert à la reine
Victoria par le shogun Iyemochi en 1860 et abrité aujourd’hui au Victoria and
Albert Museum. » Voir aussi Houchins 1995.
8. Takarabe (2000) rapporte que les trois diplomates de cette mission,
l’ambassadeur Shinmi Masaoki, le vice-ambassadeur Muragaki Norimasa et le
censeur conseiller Oguri Tadamasa étaient les trois premiers visiteurs offi ciels
DOSSIER
département de la guerre américain, se souvenait qu’à l’occasion de la
cérémonie solennelle de signature, à Washington le 24 janvier 1826, d’un
nouveau traité de paix et de cession de terres avec la puissante confédération
Creek, il avait envoyé à Little Prince, le chef de la délégation Creek, un message
spécial pour accompagner les cadeaux offerts par le président John Quincy
Adams. Cette lettre faisait explicitement référence à l’épée en tant qu’« insigne
d’honneur » : « Frère, le Ministre de la Guerre te fait parvenir sur instruction du
Président une cape liée avec de la dentelle d’argent, ainsi qu’une épée et douze
médailles en argent, et douze drapeaux. … La cape te gardera au chaud et
au sec et t’aidera à vivre longtemps et l’épée est un insigne d’honneur, et les
médailles te sont envoyées pour que tu les passes, de tes propres mains, autour
du cou de tes chefs fi dèles et dévoués ... » (Thomas L. McKenney, cité dans
Prucha 1971 : 56).
3. McKenney observa que Tokacou et ses guerriers faisaient régner une discipline
stricte avec beaucoup d’autorité. « C’est particulièrement visible lors de
l’arrivée d’un Blanc ou d’un groupe de Blancs dans leur village. Si ces guerriers
accordent leur protection aux étrangers, personne n’osera les importuner : si
l’épée ou la massue de l’un d’eux est placée devant la porte de la cabane d’un
Blanc, le signal envoyé est très clair et aucun Indien ne se risquera à entrer »
(McKenney et Hall 1836-1844, dans Horan 1972 : 154). C’est sans doute pour
cette raison que Tokacou a été peint, comme le jeune Moukaushka « épée à la
main, en signe d’autorité » (Ibid.). Tout comme celui de Moukaushka (fi g. 7),
le visage de Tokacou est partiellement peint en rouge vermillon afi n d’indiquer
son statut de guerrier.
4. Cette histoire a connu une fi n tragique. À son retour parmi les siens, Anjonjon
a été tourné en dérision et a suscité la jalousie. Il a été accusé de mentir sur
ce qu’il avait vu durant ses voyages à Washington, avant d’être tué par un
membre de sa tribu (Ewers 1956).
5. En vertu de la politique de paix du président Grant, des dénominations religieuses
furent attribuées à différentes réserves à des fi ns d’éducation et de propagation
de la foi, et c’est l’Église épiscopale qui fut assignée à Pine Ridge. Cependant, Red
Cloud s’y opposa et parvint à imposer des Robes noires (des prêtres catholiques
jésuites) à Pine Ridge, y fondant, avec l’aide de soeurs franciscaines, la Holy Rosary
Mission, qui deviendra la Red Cloud Indian School (voir Enochs 1966).
aux États-Unis et étaient accompagnés par dix-sept fonctionnaires offi ciels,
cinquante et un serviteurs et six cuisiniers, pour la plupart des samouraïs. Les
membres de la délégation étaient également les premiers visiteurs japonais
à se rendre au Château de la Smithsonian (à l’époque l’unique bâtiment de
l’institution récemment fondée) où le commodore Perry avait déjà placé divers
objets rapportés de sa mission au Japon.
9. Brady acquit plus tard une certaine notoriété, en particulier pour ses photos
prises pendant la guerre de Sécession (Wilson 2014).
10. Mori livra une description de son cadeau dans une lettre au ministre Belknap,
citée ici : « J’ai l’honneur de vous demander d’accepter l’épée japonaise
qui accompagne cette missive, destinée à être déposée au Musée militaire
rattaché à votre ministère. Elle a jusqu’ici été portée par l’un des représentants
provinciaux du Japon, qui voyage en ce moment dans ce pays. Il l’a apportée
en vertu de la coutume voulant qu’il faille porter cette arme en double ;
mais, convaincu depuis son arrivée ici de l’inutilité de cette coutume, il a cru
bon de me remettre cette épée. Et si vous me le permettez, j’ajouterai que
l’importance de cet acte de la part de mon ami (M. Kondo) est renforcée par
le fait que la proposition originale d’abolir le port de deux épées a été soumise
au Parlement japonais par moi-même, et que M. Kondo faisait partie de ceux
qui, à cette époque, désapprouvaient ma proposition. Je conclurai en ajoutant
que la lame de cette épée a été fabriquée il y a plus de trois cents ans et que le
métal employé est jugé beaucoup plus précieux que celui utilisé de nos jours. »
(cité dans Lanman 1872 : 42).
11. À cette époque, les Japonais possédaient leur propre forme d’art relativement
bien établie consistant en la production de mannequins grandeur nature
hyperréalistes appelés iki-ningyo, soit « poupées vivantes »” (Pontsioen 2018 :
186-188), et il est possible que les membres de la mission Iwakura aient pu
être au courant ou contribuer à la création du mannequin de samouraï de la
Smithsonian. Bien que l’armure du mannequin ne puisse être défi nitivement
attribuée à la mission Iwakura, il est cependant légitime de penser que la
fabrication du mannequin a peut-être coïncidé avec la présence de la mission
Iwakura. Dans les registres fi nanciers de la Smithsonian, en date du 13 août
1872, il apparaît qu’un montant de cinquante dollars a été versé au sculpteur
Sidney Moulthrop pour qu’il sculpte la tête d’un Japonais. Ce modèle est très
vraisemblablement devenu la tête du mannequin photographié l’année suivante
(Joanna Scherer 2010, note non publiée ajoutée au dossier de l’objet E14171).
NOTES
1. En Nouvelle-Angleterre, les Narragansett de langue algonquienne désignaient
les premiers Anglais soit par Cháuquaquock, « hommes-couteau épée », soit
par Wáutaconûaog, « hommes-manteau », des termes qui engloberont ensuite
les Néerlandais, les Français et les Écossais. Ces deux appellations étaient au
départ interchangeables, mais la référence au manteau a fi ni par disparaître,
tandis que la référence à l’épée a survécu le long de la côte Atlantique et à
l’intérieur des terres. Donald Rickey (1998 : 97) a écrit concernant les Munsee
et les Unami, « de longues années de lutte ont conduit les Delaware à nommer
les successeurs américains des Européens Kwun-nah-she-kun, soit ‘longs
couteaux’ ». La référence à l’épée en tant qu’arme et symbole propres à
l’identité euro-américaine s’est rapidement propagée vers l’ouest aux Iroquois,
aux Ojibwa et à d’autres tribus algonquiennes du Midwest et de la région des
Grands Lacs. Selon Woodward, chez ces tribus du Nord-Est, le terme « long
couteau » ne s’appliquait à l’origine qu’aux Virginiens. Néanmoins, le terme
et l’arme tranchante ont accompagné la progression rapide des frontières et
étant donné l’affi rmation d’une nouvelle identité véritablement américaine,
« tous les Américains furent bientôt englobés sous ce terme, de sorte que
pratiquement toutes les tribus connues de l’Ouest et du Midwest ont fi ni par
qualifi er de « longs couteaux » les soldats comme les civils (américains) »
(Woodward 1928 : 65).)
2. Thomas L. McKenney, directeur du Bureau des affaires indiennes du