Nancy Blomberg 1946–2018
J’AI RENCONTRÉ Nancy Blomberg pour la première fois en
2006 lors de la rédaction d’un article sur l’agrandissment du
Denver Art Museum. Elle m’a abordé à la porte du nouveau
bâtiment construit par Daniel Libeskind et m’a montré la récente
installation d’art africain, une modeste collection éclipsée par un
exceptionnel masque fang. Elle m’a ensuite demandé si j’aimerais
voir de l’art amérindien. Bien sûr que je le voulais. Nous avons
traversé la rue pour rejoindre le plus ancien bâtiment de Gio Ponti,
nous avons pris l’ascenseur et sommes entrés dans son royaume.
Je ne me souviens pas combien de temps nous avons passé à
regarder trésor après trésor, mais je sais que j’ai raté mes rendezvous
148
suivants. Elle parlait des objets de manière décontractée
mais avec sensibilité. L’article que nous avons fi nalement publié
au printemps 2006 n’aurait pas pu être achevé sans son aide
patiente, et c’est toujours avec rapidité et générosité qu’elle a
fourni les informations au cours des années qui ont suivi.
Nancy est née Nancy Jean Bastian à Aurora, dans l’Illinois.
Son premier travail dans un musée fut du bénévolat au
Anchorage Museum of History and Art. Elle s’était installée
en Alaska avec son mari, Art, qui avait été transféré là-bas par
l’armée de l’air.. Elle n’a pas tardé à être embauchée comme
conservatrice. Elle a travaillé dans des musées de Los Angeles,
avant de rejoindre le Denver Art Museum en 1974 en tant que
conservatrice associée. Au cours des vingt-huit années qu’elle y
passa, elle devint conservatrice en chef du musée.
Elle mettait l’accent non seulement sur l’aspect « art » d’un
objet donné, mais aussi sur la contribution de l’artiste qui l’avait
créé, et ce fut le point majeur de sa réinstallation de la galerie
amérindienne en 2011, ainsi que des nombreuses expositions
qu’elle a produites. Femme travaillant dans un domaine plutôt
masculin, ses réalisations eurent une visibilité considérable et
elle fut une source d’inspiration pour beaucoup.
Jonathan Fogel
HOMMAGES
RONALD NOORMAN et sa compagne Rijkje Dekker sont
des visages familiers de la scène artistique tribale depuis des
décennies, visiteurs assidus de salons et événements à Bruxelles,
Paris et bien sûr Amsterdam, où j’ai vu leur importante
collection d’art tribal. L’ensemble sophistiqué composé de
peignes raffi nés, de cuillères, de petites amulettes et de nombreux
autres trésors, tous soigneusement agencés en groupes rangés et
esthétiquement plaisants, était le véritable témoignage d’un oeil
passionné et toujours curieux. En plus d’être un collectionneur
talentueux, Ronald était surtout reconnu sur le plan artistique
comme étant lui-même un artiste accompli et déterminé. Après
une formation à l’Académie Rietveld où il apprit à peindre,
il s’est consacré exclusivement au dessin tout au long d’une
carrière longue et accomplie.
Selon Suzanna Héman, conservatrice adjointe du Stedelijk
Museum Amsterdam « L’intimité de l’art du dessin, dans lequel
la pensée, à travers la main, touche immédiatement le papier et
ne laisse guère de place à des corrections, était le « métier pursang
» de Noorman. Ses dessins se caractérisent par des formes
simples et oscillent entre abstraction et fi guration. Dans certains
dessins on peut reconnaître des éléments de paysages, d’autres
sont totalement abstraits. À travers le fusain, le crayon, le pastel,
la gouache, Noorman cherche un équilibre entre mouvements
puissants et tendres ».
Au sujet du format plutôt petit de la plupart de ses oeuvres, il
écrivit lui-même : « En tant qu’artiste, je ne suis pas facilement
impressionné par les grandes oeuvres. Je préfère rester fi dèle au
format humain. Sur un format réduit, je dois me concentrer sur
la puissance, la monumentalité, la tension, l’espace et le fl ux. »
Des mots qui disent vrai et qui résonnent dans tous ses choix.
Ronald Noorman est décédé en mars dernier. Il laisse dans le
deuil sa partenaire Rijkje D ekker et sa fi lle Romee.
Alex Arthur
À DROITE : Rijkje et Romee
avec Ronald Noorman.
Avec l’aimable autorisation de la
famille Noorman.
Ronald Noorman 1951–2018
À DROITE : Nancy Blomberg.
Avec l’aimable autorisation du Denver
Art Museum.