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FIG. 4 (CI-DESSUS) :
The Pipe Dance and The
Tomahawk Dance of the
Chippaway Tribe, par James
Otto Lewis, 1835.
Lithographie sur papier colorée à la
main. 45,7 x 29,2 cm.
Smithsonian American Art Museum,
don de H. Lyman Sayen à sa nation,
inv. 1973.167.40.
L’un des danseurs tient dans la main
droite un fusil à platine à silex (acheté
ou troqué) dont le canon est orné de
plumes, tandis qu’un sac en tissu ou
en cuir (contenant très probablement
des munitions et de la poudre) est
attaché à la culasse. Il tient dans la
main gauche une hache-calumet,
également issue des premiers échanges
commerciaux avec les Euro-Américains.
Un autre danseur tient dans une
main une massue de guerre à lame
triangulaire et dans l’autre, un sabre
dans son fourreau entouré d’une bandelette
de tissu ou de cuir décorée.
de l’épée, son tranchant, sa forme (la poignée et le
pommeau étaient parfois sculptés pour représenter
des animaux sacrés pour les Amérindiens, comme
des aigles ou des panthères, voir fi g. 6), et les motifs
décoratifs souvent gravés sur la lame étaient
très appréciés des représentants autochtones. Tant
les donateurs que les destinataires considéraient le
« long couteau » comme une marque d’autorité, de
statut et d’amitié possédant une valeur diplomatique
et symbolique importante2.
Les épées apparaissent souvent dans les représentations
des Amérindiens, tant dans les scènes de
groupe que dans les portraits individuels. L’une des
plus anciennes est un portrait peint à Londres en 1710
représentant le chef mohican Etowaucum, qui faisait
partie d’une délégation de passage au Royaume-Uni
pour des raisons politiques (fi g. 3). Il porte une épée
incurvée à la ceinture, mais nous ignorons si elle lui
appartenait ou s’il s’agit d’un accessoire
fourni par l’artiste. Plus d’un
siècle plus tard, dans les années 1820,
le Bureau des affaires indiennes, fraîchement
créé par le département de
la guerre américain, confi e à l’artiste
James Otto Lewis la tâche de documenter
les négociations des traités
avec les tribus du Haut-Midwest et des
Grands Lacs. Accompagnant Lewis
Cass, gouverneur du territoire du
Michigan, et Thomas L. McKenney,
commissaire aux Affaires indiennes,
Lewis réalise plusieurs portraits et croquis
d’Amérindiens directement sur le
terrain, avant de les publier dans The
Aboriginal Port Folio, imprimé à Philadelphie
(Lewis 1835, Fogel 2018). Parmi
ses petites lithographies colorées à la
main fi gure un dessin intitulé « The Pipe
Dance and the Tomahawk Dance of the
Chippeway Tribe » (fi g. 4). Ce croquis
est intéressant dans la mesure où il illustre
deux éléments clés de l’armement
euro-américain extrêmement prisés par
les Amérindiens : le fusil et l’épée.
Un certain nombre des portraits de
Lewis ont ensuite été incorporés par
McKenney et James Hall dans leur ouvrage
en trois volumes History of the
Indian Tribes of North America, également
publié à Philadelphie (McKenney
et Hall, 1836-1844). Le frontispice du volume II est
une peinture du jeune artiste suisse Peter Rindisbacher
(1806-1834), membre de la colonie de la rivière
Rouge fondée par Lord Selkirk, dans la province
du Manitoba, qui se soldera par un échec. Intitulée
« Danse de guerre (des Sauks et des Foxes) » (fi g. 5),
cette oeuvre s’inscrit dans une approche similaire à
celle d’Otto Lewis puisque Rindisbacher l’a réalisée
sur le terrain, au moment où la danse se déroulait.
L’un des danseurs, le visage peint en noir en signe de
victoire, tient un long et lourd sabre dragon à lame
à dos plat.
Comme l’indique le sous-titre de History of the
Indian Tribes of North America de McKenney et
Hall, les volumes ont été « agrémentés de cent vingt
portraits issus de la galerie indienne du département
de la guerre ». Parmi ceux-ci, certains présentent