LA CONGRÉGATION DU SAINT-ESPRIT ET L’’AFRIQUE
FIG. 22 (À GAUCHE) : Figure
gardienne de reliquaire. Sango,
143
Gabon. XIXe siècle.
Bois, laiton, cuivre, peau animale, fi bres
naturelles et ossements. H. : 41 cm.
Collection CSSp.
© CSSp, photo : Vincent Girier-Dufournier.
des objets d’Afrique21. L’exposition met en scène
des peintures, des photographies, des dioramas
représentant la vie de la mission, mais aussi des
masques et des statues offi ciant dans les rites traditionnels,
ainsi que de l’art chrétien indigène.
Après la Seconde Guerre mondiale, ces événements
d’envergure sont remplacés par des expositions
missionnaires plus modestes et itinérantes,
quadrillant le territoire français, jusque dans ses
zones les plus rurales. Les objets issus des collections
y sont encore exposés, dans des conditions
à soutenir le Souvenir africain, une revue créée en
1912 dans le but de fi nancer la cathédrale du même
nom à Dakar. Si l’exposition ne paraît fournir que
peu d’explications scientifi ques sur les objets présentés,
ceux-ci sont en revanche largement valorisés
en tant qu’authentiques créations artistiques.
En ce début de XXe siècle, le fait est suffi samment
rare pour être mentionné. Le père Maurice Briault
n’hésite pas à saluer le travail de ces sculpteurs africains
« que l’on croit bien à tort dénués de tout sens
artistique17 ». Guillaume Apollinaire lui-même,
venu en visiteur, y reconnaît « de merveilleuses
idoles, statues passionnées, infi niment précieuses,
sculptées par de grands artistes anonymes18 ».
Cet événement annonce une manifestation d’une
toute autre envergure, à laquelle les Spiritains
participeront avec des dizaines d’autres instituts :
l’Exposition missionnaire internationale du Vatican,
qui se déroule de décembre 1924 à janvier
1926. D’une taille considérable, celle-ci se donne
pour objectif de rassembler à Rome « tout ce qui
est propre à mettre en lumière la nature et l’action
des missions catholiques, les lieux où elles opèrent,
en un mot, tout ce qui s’y apparente19 ». Elle s’appuie
pour cela sur la présentation de plus de cent
mille objets et documents, confi rmant au passage
les collections ethnographiques dans leur statut de
matériel pédagogique et idéologique de première
utilité. Alexandre Le Roy, alors supérieur de la
congrégation, demande à tous les chefs de missions
spiritaines dans le monde d’acquérir des objets
afi n de les envoyer au Vatican20. Pas moins de quarante
deux caisses d’objets sont ainsi transportées
à Rome par les Spiritains ! La moitié sera donnée
au Saint-Siège à l’issue de l’exposition afi n de doter
le futur Musée missionnaire du Vatican.
Cinq ans plus tard, les Spiritains réitèrent l’expérience
dans le cadre de l’Exposition
coloniale de 1931 organisée à Paris. Un
Pavillon des missions catholiques
est érigé et les pères du
Saint-Esprit se voient attribuer
l’aménagement de la
grande salle dédiée à l’Afrique
équatoriale. Les collections
ethnographiques sont à nouveau
au coeur du dispositif.
Louis Le Hunsec, supérieur
de la congrégation, lance un
nouvel appel pour rapporter