FIG. 2 (CI-DESSUS) :
Figure féminine. Artiste
edo. Benin City, État d’Edo,
Nigeria. Début du XIXe siècle.
Ivoire. H. : 37 cm.
National Museum of African Art,
Smithsonian Institution, don de Walt
Disney World Co., fi liale de The Walt
Disney Company, inv. 2005-6-3.
Photo : Franko Khoury.
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Regards sur les arts d’Afrique
Par Kevin D. Dumouchelle
avec des contributions de Christine M. Kreamer et Karen E. Milbourne
nant une pierre angulaire formatrice pour le développement
de la discipline naissante de l’histoire de
l’art africain dans les années 19601. Visionary rend
hommage à ce patrimoine esthétique et intellectuel.
L’AMOUR AU PREMIER REGARD
« Comment tombe-t-on amoureux ? » Voilà une
phrase que Paul Tishman a jadis employé pour répondre
par une autre question à l’interrogation qui
lui était fréquemment faite : comment Ruth et lui
avaient-ils été amenés à collectionner de l’art africain
? Aussi, cette boutade de Tishman servira-telle
de point de départ à cette partie consacrée aux
collectionneurs. En toute cohérence, les diverses
formes d’expressions culturelles et de typologie
recherchées par les Tishman y auront la part belle.
Les oeuvres y seront présentées sous le jour d’objets
de plaisir, d’inspiration et d’émerveillement.
La pièce maîtresse sera ici un magnifi que masque
papillon de la main d’un artiste nuna, surmonté
d’oiseaux et de caméléons sculptés indépendamment
(fi g. 1). Ce genre de masques, vision d’un
nouveau départ, représentait les esprits de la
nature, combinant formes humaine et animale,
reliant ciel et terre dans la célébration des pluies
qui commençaient la saison agricole. Une majestueuse
femme en ivoire sculptée par un artiste edo
(fi g. 2), incrustée de perles de corail et arborant la
crête caractéristique d’une domestique de la reine
mère, se tiendra près de l’entrée de cette section.
Elle a probablement été commandée pour l’autel
d’une précédente reine mère décédée, situé dans le
palais de la reine mère. Cette sculpture était l’une
des deux premières oeuvres d’art africain achetées
par les Tishman, une acquisition extrêmement révélatrice
de leur sensibilité plastique et de la portée
oecuménique de leur idée de la collection, qu’ils
voulaient la plus exhaustive possible.
L’HISTOIRE DE L’ART RENDUE VISIBLE
La grande portée de la Collection Tishman en a fait
une ressource centrale pour les érudits cherchant
litatif et stylistique, l’installation vise à fournir au
visiteur les clés nécessaires à la réalisation d’un
examen critique des pièces indispensable à une
bonne compréhension de leurs multiples vies. Le
discours sera structuré suivant sept sections correspondant
à sept points de vue sur les arts africains
: celui des collectionneurs, des érudits, des
artistes, des mécènes, des visiteurs, des interprètes
et du musée lui-même.
Visionary intégrera plus de cinquante oeuvres de
la Walt Disney-Tishman African Art Collection. Le
NMAA a acquis cette collection phare en 2005 de
la Walt Disney World Co., une fi liale de la Walt
Disney Company. Cette collection, qui compte un
total de cinq cent vingt-cinq oeuvres représentant la
plupart des styles artistiques historiques d’Afrique,
a été réunie dans un premier temps par le promoteur
immobilier New Yorkais Paul Tishman et son
épouse Ruth entre le début des années 1960 et la
moitié des années 1980. La Walt Disney Company
a acheté la collection des Tishman en 1984. Au
cours de leurs différentes vies aux mains de ces
deux propriétaires de premier plan, les oeuvres de
la collection Disney-Tishman ont souvent été exposées
et publiées aux quatre coins du monde, deve-