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FIG. 4 (À GAUCHE) :
Panneau mural avec
représentation humaine
simoinang tulangan
sirimanua. Sasiriottoi,
Taileleu, Siberut Selatan.
Début du XXe siècle.
Bois, tissu d’écorce, peinture noire et
rouge, incrustation de coquillage.
47 x 176 cm.
Mémorial d’un homme victime d’un
chasseur de têtes collecté en 1967.
FIG. 5 (CI-DESSUS) :
Copie d’une fi gure féminine
de Taikako, nord de Pagai.
Bois. H. : 41 cm.
Selon le commandant de la police
militaire Hansen (1914), qui
commanda cette copie en 1911/12,
cette fi gure a servi de gardien contre
des forces maléfi ques. Tropenmuseum
Amsterdam, coll. non. 3.1.
dans la nature, y compris les végétaux et les objets,
possède une essence spirituelle et mérite d’être traité
avec respect. Il en découle un principe de vie simple
et en harmonie avec l’environnement.
L’exposition de Leyde s’intéressera en particulier
à la manière dont les traditions perpétuent leurs valeurs.
Dans quelle mesure les Mentawai souhaitent-ils
s’inscrire dans la mondialisation ? Les traditions anciennes
peuvent-elles cohabiter avec un mode de vie
moderne ? Cet événement coïncidera avec la publication
du livre de Reimar Schefold Toys for the Souls.
Life and Art on the Mentawai Islands.
Nous nous sommes rendus chez Reimar
et son épouse, Jet Bakels, à Amsterdam,
afi n de parler de sa trajectoire de ses projets
à venir.
Tribal Art Magazine : Vous avez
consacré votre vie à l’étude des cultures
traditionnelles. Cet intérêt s’est-il
manifesté dès votre plus jeune âge ?
Reimar Schefold : J’ignore quand cela a
commencé exactement, mais je me souviens
des histoires que ma mère me racontait
sur son père, l’anthropologue Karl
von den Steinen. Ce dernier est d’abord
parti au Brésil, puis aux îles Marquises
au début du XXe siècle. Au Brésil, il a
découvert des tribus qui vivaient coupées
du reste du monde et dont le mode de
vie était toujours extrêmement primitif.
Son expérience marquisienne fut une tout
autre chose car dans cette colonie française,
même le tatouage traditionnel avait
été interdit. Il parvint à y collecter des
objets et à documenter la pratique du tatouage,
mais sa déception face à la crainte
que ces traditions viennent à se perdre à
jamais était très clairement exprimée dans
les lettres qu’il envoyait à son épouse…
Plus tard, j’ai étudié l’anthropologie à
Munich et à Bâle et j’ai rédigé ma thèse de doctorat
sur les crochets de suspension Sepik en m’inspirant
largement de la vaste collection du musée de Bâle,
formée en partie par Anthony Forge, qui était sur le
terrain à l’époque.
T. A. M. : Comment vos études sur l’art du Sepik
ont-elles entraîné votre départ pour l’Indonésie ?
R. S. : À cette époque, l’anthropologie continentale
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