HISTOIRE D'OBJET
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FIG. 7 (CI-DESSUS) :
Statuette d’un esprit
manidookaanaak.
Tawah, Premières Nations
de l’île Walpole, Ontario,
Canada. Début du XIXe siècle
ou avant.
Bois, cuir, plumes, pigments.
H. : 20,5 cm.
Ayant appartenu au chef tawah,
Shaughonose, hérité de son arrièregrand
père, le chef Aligognoyenk. Don
de Shaughonose à un M. McClurg.
Royal Ontario Museum, inv. HD6374B.
tions. Au début, on les brûlait devant tout le monde,
en présence des Indiens, mais en ce qui concerne les
affaires de Chaumie, je les ai mises dans un sac avec
des pierres et l’ai fait couler dans le lit de la rivière
Sainte-Claire21.
Nous remercions Arni Brownstone, l’assistant du conservateur
pour la culture indienne des plaines au Royal Ontario
Museum.
NOTES
1. Aussi appelé Pétrokijic, Petwegizhik, ou Petrokeshig,
littéralement « Entre les Couches du Ciel. »
2. Richard L. Thomas, Mark D. Christensen, Ewa Szalinska, et
Magdalena Scarlat, « Formation of the St.Clair River delta in
the Laurentian Great Lakes system » Journal of Great Lakes
Research ou Journal de Recherche des Grands Lacs, 32 (4),
2006, pp. 738-748.
3. Reginald Horsman, « Alexander McKee » Dictionary of
Canadian Biography, vol. IV (1771-1800), Université de
Toronto et Université Laval, 1979.
4. Aussi Pazhekezhikquashkum, Pechegechequistqum,
Beyigishiqueshkam. littéralement, « Celui qui Enjambe le
Ciel ».
6. Donald B. Smith, « Bauzhi-geezhig-waeshikum, » Dictionary
of Canadian Biography, vol. VII (1836-1850), Université de
Toronto et Université Laval, 1985.
6. Sheldon Krasowski, « A Numiany (The Prayer People) and
the Pagans of Walpole Island First Nation: Resistance to
the Anglican Church, 1845-1885 », Travail de fi n d’études,
Université Trent, 1998.
7. Mark McGowen, The Struggle to Build the Catholic Church
on the Canadian Frontier, McGill-Queen’s University Press,
p. 190.
8. Denys Delâge, Helen Hornbeck Tanner et Pierre Chazelle,
« The Ojibwa-Jesuit Debate at Walpole Island, 1844 »
Ethnohistory, vol. 41, Nº 2 (Printemps, 1994), pp. 295-321.
9. Aussi Shawnoo, Shawanaw, et Oshawahnoo, littéralement
« Dieu Bienveillant ».
10. Delâge et al, op. cit.
11. Lorenzo Cadieux (ed.), « Lettre #13», Lettres des Nouvelles
Missions du Canada, 1843-1852, partie 2, Montréal/Paris :
Editions Bellarmin/Maisonneuve et Larose, 1973. Le texte
complet de la lettre de Chazelle en anglais se trouve dans le
Delâge et al, op. cit., pp. 302-320.
12. Le Français Pierre Chazelle cité dans Emma Anderson,
The Death and Afterlife of the North American Martyrs,
Cambridge : Harvard University Press, 2013, p. 123.
13. Ibid.
14. Ibid, p. 124.
15. Ibid.
16. En 1990, le Centre du patrimoine de l’île Walpole ouvrit à
cet endroit (Delâge, et al, op. cit., p. 297).
17. Delâge et al, op. cit.
18. Cité par Arni Brownstone, « Wotherspoon Donation:
Reasons for Collecting », Royal Ontario Museum, document
interne, 14 octobre 2016.
19. Ibid.
20. Ibid. Brownstone cite Peter Jones (Kahkewaquonaby),
History of the Ojebway Indians: With Especial Reference to
their Conversion to Christianity, Londres : A. W. Bennett,
1861, pp. 87, 94 et 95.
21. Cité dans Krasowski, op. cit., p. 187.
considéré, depuis plusieurs générations, comme un
dieu vénéré dans les foyers18.
Jamieson donna la statuette à Mme Wilmont
Cumberland, qui avait fourni les fonds pour
construire une nouvelle église sur l’île Walpole. Elle
décéda en 1897 et, à un moment donné, la statuette
fut acquise par Gordon « Swatty » Wotherspoon,
le Président du Conseil du Royal Ontario Museum.
En 1987, il l’amena au musée pour un petit travail
de conservation, qui fut réalisé par Julia Fenn.
Wotherspoon disparut en 1988, avant de pouvoir
récupérer la statuette, et elle resta pendant presque
trente ans dans la section anthropologie du musée
en tant qu’objet inaccessible. L’année passée, le
fi ls de Wotherspoon, Richard H. Wotherspoon,
accepta de faire don de la statuette au Royal Ontario
Museum. Elle devint l’une des quatre statuettes
de dieux anishinaabe détenues par cette institution
(fi gs. 7-9) 19.
La plupart des informations concernant ces statuettes
ont été consignées par Peter Jones, le missionnaire
méthodiste qui échangea avec Bauzhigeezhig
waeshikum dans les années 1830. Il avait
remarqué que les guérisseurs utilisaient ces statuettes
lors de rituels, notamment lorsqu’ils organisaient
des festins ou quand ils faisaient appel à des
dieux. Il en collecta deux exemplaires, qu’il appela
pabookawath et nahneetis20.
Le manidookaanaak de Pitwegijig a de la chance
d’avoir survécu. Tous les objets qui sont passés
dans les mains de Jamieson n’ont pas eu la même
chance. Dans son rapport annuel du 31 décembre
1869, destiné aux responsables des missionnaires,
la Société pour la Propagation de l’Évangile, il mentionne
ceci :
J’ai baptisé Chaumer, une fi gure éminente chez les Potawatomis.
Il résista longtemps à la vérité et semblait
dévoué aux superstitions de ses ancêtres. … Quand
il fut baptisé, il m’apporta son vieux tambour païen,
ses idoles et son sac de guérisseur pour que j’en fasse
ce que bon me semblait, disant qu’il s’en séparait de
bon coeur, qu’il en avait fi ni avec eux une bonne fois
pour toutes, et que désormais, il suivrait son destin
avec ceux qui priaient, les « Uhnumeanjy », comme
les Indiens appelaient les chrétiens.
Quand les païens deviennent chrétiens, ils amènent
toujours au missionnaire les articles dont ils se servaient
pour vénérer leurs dieux, et cela représente la
preuve de leur sincérité, car ils considèrent ces choses
avec respect et ils y sont attachés, à ces choses qu’ils
aimaient et qui représentent leurs vieilles supersti-