DOSSIER
FIG. 16 (EN HAUT À
DROITE) : Exposition missionnaire
140
internationale
du Vatican, 1925, vitrines
de la Congrégation du
Saint-Esprit.
© CSSp.
FIG. 17 (CI-CONTRE) :
Tabouret caryatide. Luba-
Hemba, RDC. XIXe siècle.
Bois dur. H. : 55 cm.
Collecté en 1913 par le père Henri
Maurice (CSSp) dans le village de
Buli (RDC) et présenté en 1914
lors de l’exposition d’art africain
en soutien au Souvenir africain
organisée par le père Daniel
Brottier (CSSp).
Ancienne collections CSSp.
Collection privée.
© CSSp.
miers objets d’Afrique. En l’absence d’inventaire
ancien, il est cependant impossible de préciser leur
typologie et leur nombre. Le besoin se fait en tout
cas rapidement ressentir de les organiser et de les
présenter. Vers 1885, les pères du Saint-Esprit aménagent
un musée au scolasticat de Chevilly, dans
l’ancienne salle commune du noviciat10. Bientôt,
d’autres maisons provinciales de la congrégation
rassembleront également leurs objets dans des
« cabinets » rudimentaires (Langonnet, Mortain,
Blotzheim, Piré). La démarche est commune à tous
les grands ordres missionnaires de la seconde moitié
du XIXe siècle11.
Le musée spiritain de Chevilly permet dans un
premier temps de réunir les ensembles déjà existants,
mais aussi et surtout de créer un effet d’appel
: le Bulletin Général annonce que « tout ce
que les Pères pourront rapporter pour compléter
le musée, en fait d’objets curieux ou intéressants,
de l’Afrique ou des colonies, sera reçu avec reconnaissance12
». Celui-ci amorce ainsi une forme de
systématisation des collectes, qui se généralisent
et s’ouvrent sur toutes les catégories d’artefacts, y
compris les plus sacrés.
de cette vaste région et publia de nombreux travaux
d’anthropologie, dont une Ethnographie du
sud-ouest de l’Angola (1961) en trois volumes.
Faut-il voir un lien direct entre les recherches de
ces missionnaires-scientifi ques et la constitution
des importantes collections ethnographiques que
la Congrégation du Saint-Esprit accumula au fi l du
temps ? Rien n’est moins sûr. Si une partie des objets
rapportés par le père Tastevin fut effectivement
déposée à la congrégation (l’autre partie étant donnée
au musée de l’Homme), la grande majorité des
artefacts qui composent ces collections fut collectée
dans des circonstances qui nous sont aujourd’hui
inconnues. Mieux : l’étude du parcours de ces objets
en France révèle qu’ils furent rassemblés, non
pour être étudiés dans une démarche scientifi que
– quand bien même se serait-il agi d’une ethnologie
catholique ambiguë sur ses fi ns – mais bien davantage
pour servir d’outil et de support au discours
de la propagande missionnaire.
III- L’HISTOIRE TOURMENTÉE
DES COLLECTIONS SPIRITAINES
C’est sans doute dans les années 1860-1870, alors
que les retours de missionnaires vers la France se
multiplient, que les Spiritains rapportent leurs pre-