Par Elena Martínez-Jacquet
166
Les photographies de Michael Cook
d’origine bidjara, Cook est abandonné par ses
parents et grandit dans une famille adoptive très
engagée dans la cause indigène. Ces circonstances
personnelles sont à l’origine d’une sensibilité
particulière pour la question de l’identité sur laquelle
Cook construit à partir de 2009, après avoir exercé
pendant vingt-cinq ans comme photographe dans
le secteur de la publicité et de la mode, une oeuvre
artistique intime et sincère, en dehors des sentiers
battus. Fort d’une maîtrise remarquable de la
photographie numérique, il se fait remarquer dans
le monde de l’art contemporain dès la présentation
de sa première série Through My Eyes, qui fut
sélectionnée pour le Western Australian Indigenous
Art Awards de 2011. Depuis, l’oeuvre de Cook n’a
cessé de rencontrer un grand succès critique et a été
présentée dans de nombreux salons prestigieux ainsi
que dans des expositions temporaires de musées de
première importance au niveau international.
Profondément réfl exives et riche en nuances,
les photographies de Cook sont conçues sous
forme de séries et construites comme des oeuvres
picturales. Le point de départ est toujours une idée,
déclinée, décortiquée ou mise à l’épreuve dans les
différentes mises en scène qui composent chacune
des séries. Les différents éléments de l’image sont
ensuite élaborés par superpositions de calques
photographiques. Le résultat est une oeuvre qui n’a
rien d’une photographie de studio, pas plus que
FIG. 1 (CI-DESSUS) :
Stickman #3. 2010.
Impression jet d’encre sur papier.
Avec l’aimable autorisation de Michael
Cook & Andrew Baker Art Dealer,
Brisbane.
FIG. 2 (PAGE DE DROITE) :
Undiscovered #4. 2010.
Édition 1/2.
Impression jet d’encre sur papier
Avec l’aimable autorisation de Michael
Cook & Andrew Baker Art Dealer,
Brisbane.
VISIONS D’AUSTRALIE
Outre l’intérêt d’avoir rappelé aux
visiteurs l’importance et la profondeur historique
des collections aborigènes d’Australie du Musée
d’ethnographie de Genève (MEG) et d’avoir rappelé
à quel point les tentatives de suppression de la culture
aborigène depuis le XVIIIe siècle ont abouti au résultat
inverse, l’exposition « L’effet boomerang. Les arts
aborigènes et insulaires d’Australie » aura également
eu le mérite de permettre de belles découvertes,
notamment dans le domaine de la création
contemporaine que le MEG inclut avec pertinence
dans ses expositions. C’est le cas, par exemple, de
l’oeuvre de Michael Cook, mise à l’honneur dans
cette exposition à l’affi che jusqu’au 7 janvier 2018 à
travers une sélection de sept oeuvres photographiques,
issues de deux séries – Undiscovered, 2010 (fi g.
2) et Mother, montrée pour la première fois lors
de l’édition 2016 d’Art Basel Hong Kong (fi g. 3
et 4) – saisissantes tant par leurs qualités visuelles
que par ce qu’elles révèlent l’engagement profond
de leur auteur vis-à-vis des problématiques liés à la
colonisation de l’Australie. Rien d’étonnant à cela
car, à bien des égards, Michael Cook est lui-même la
synthèse incarnée des conséquences de ce passé dans
l’Australie du XXIe siècle.
Établi à Brisbane, dans l’État du Queensland,
Cook (1968) est un artiste contemporain australien
d’origine mixte. Né de la rencontre d’une jeune
femme à peine âgée de seize ans et d’un homme
PORTFOLIO