INSCRIPTIONS
FIG. 16 (CI-DESSUS) :
Croquis de Frans M.
Olbrechts représentant le
masque blanc (ex-Pères
blancs), actuellement au
Seattle Art Museum.
MAS | Museum aan de Stroom,
Anvers.
© Collectiebeleid Musea en Erfgoed,
Anvers.
127
FIG. 15 (PAGE DE
GAUCHE) : Masque.
Luba, RDC.
Bois et pigments. H. : 44 cm.
Ex-Pères blancs, Anvers (1908 à
1961) ; Marcel Lemaire, Bruxelles ;
Henri Kamer, New York (vers 1962) ;
Katherine Coryton White, Cleveland,
Los Angeles et Seattle (de 1962 à
1980).
Seattle Art Museum, don de Katherine
White et de la Boeing Company, inv.
81.17.869.
© Seattle Art Museum.
Parmi les Luba, les masques de
l’association Bwadi bwa Kifwebe
association évoquent l’eau et les
actions favorables. Que ce soit dans un
contexte rituel ou profane, son action
est positive. À l’origine, le masque
féminin rond (comme celui-ci) était
dansé avec une contrepartie masculine
caractérisée par une forme oblongue
ou en sablier. La couleur blanche
des stries possède des connotations
nourricières et liées à la procréation.
mains sur sa poitrine est inhabituelle dans le corpus
luba, même si cette iconographie est bien connue.
Représentant la fondatrice d’une lignée royale ou
le roi lui-même, elle fait un geste de la main qui
exprime le rôle des femmes en tant que gardiennes
des secrets royaux. Les nombreuses punaises en fer
insérées dans sa coiffure en forme de croix, ainsi
que la longue bande de cuivre enroulée en spirale
autour de la poignée de l’objet sont caractéristiques.
Comme l’ont précisé Mary Nooter Roberts et Allen
F. Roberts dans leurs divers ouvrages sur l’art luba,
le cuivre recouvrait des objets exprimant le rang
et le pouvoir parce qu’il symbolisait les richesses
obtenues via le commerce (Roberts et Roberts 1996 ;
Roberts et Roberts 2007). L’extrémité inférieure
devait à l’origine se composer d’une pointe en fer,
un autre symbole de la richesse et de la puissance du
royaume. À l’instar des scarifi cations complexes sur
le corps, les coiffures élaborées traduisent la beauté.
Cependant, étant donné que la canne est également
censée abriter un esprit, ces ornementations
corporelles servent en même temps à attirer l’esprit
et à le conserver à l’intérieur de la sculpture.
Le 24 juin 2015, Sotheby’s mettait aux enchères
en lot 65 une fi gure portant une coupe attribuée aux
Songye (fi g. 19). À ma connaissance, seuls quelques
exemplaires de ce genre sont connus. La fi gure était
accompagnée d’une longue liste de ses propriétaires
précédents, indiquant qu’elle avait probablement
fait partie jadis de la collection du Linden-Museum
de Stuttgart. Toutefois, au lieu de renvoyer
directement au Linden-Museum, l’inscription
« 668./HE.24. » se rapporte incontestablement à
la présence de la fi gure dans Kongo-kunst (fi g. 17),
comme le confi rme un croquis d’Olbrechts (fi g. 18).
Les lettres « HE » étaient utilisées par Olbrechts et
son équipe afi n d’identifi er les objets appartenant
à Gaston Heenen, ancien gouverneur général du
Congo belge, qui était un fervent collectionneur
d’art congolais et l’un des principaux prêteurs de
l’exposition. Nous ignorons encore si l’ancienne
inscription dactylographiée « B 40 Bettler-Schale.
Songe-Lulua. Kongo/Afrika » accompagnant la
sculpture se rapporte à son association ponctuelle
avec le Linden-Museum – avant ou après son
acquisition par Heenen – mais ce n’est pas
impossible. L’ancien gouverneur général semble
toutefois avoir acquis la plupart de ses objets d’art
africain alors qu’il était en poste au Congo. Heenen
avait également prêté à Kongo-kunst une autre
Cependant, certains chercheurs
suggèrent que les masques liba striés
ronds pourraient être employés dans
le cadre des activités de l’association
Bukasandji, ou Kazanzi, dont la raison
d’être était de combattre la sorcellerie,
cause de malheurs et de morts.