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FIG. 4 (CI-DESSUS) : Le père
Léonard Allaire (1870-1947)
et ses esclaves libérés. Brazzaville,
Congo. Vers 1890.
© CSSp.
FIG. 5 (CI-DESSOUS) : Le père
Mathurin Le Mailloux (1878-
1945) dans la chaloupe de la
mission de Musuko. Angola.
Premier tiers du XXe siècle.
© CSSp.
FIG. 1 (PAGE DE GAUCHE,
EN HAUT) : Auteur inconnu.
Mission Notre-Dame
de Bagamoyo (Tanzanie),
fondée par les Spiritains en
1868, telle qu’on pouvait la
voir dans les années 1870.
Gouache sur papier.
© Congrégation du Saint-Esprit (CSSp).
FIG. 2 (PAGE DE GAUCHE) :
Pénétration spiritaine en
Afrique de l’Ouest (1844-
1894).
Extrait de Henry J. Koren, Les Spiritains.
Trois siècles d’histoire religieuse et
missionnaire, Paris, Beauchesne, 1982,
p. 369.
FIG. 3 (EN HAUT À DROITE) :
Le père Camille Laagel (1880-
1956) à côté d’un « féticheur ».
Angola. Premier tiers du
XXe siècle.
© CSSp.
I. LES SPIRITAINS EN AFRIQUE :
UNE LONGUE HISTOIRE
Les Spiritains ont eu des prédécesseurs en Afrique
noire. Aux XVIe et XVIIe siècles, les missionnaires
jésuites, capucins ou dominicains sont parvenus à
établir des églises et des diocèses au Congo, au Mozambique,
sur la Côte de l’or1 ou le long du golfe
de Guinée. Mais la mortalité élevée des hommes,
l’affaiblissement des ordres religieux portugais et les
ravages de l’esclavage ont fi ni par réduire ces structures
à néant. Au début du XIXe siècle, il ne reste
plus en Afrique que la préfecture apostolique du
Sénégal, dotée de deux ou trois prêtres tout au plus.
En 1842, le Saint-Siège accepte la création d’un
nouveau vicariat – le vicariat des Deux-Guinées –
s’étendant le long des côtes occidentales sur plus de
huit mille kilomètres, du Sénégal à l’Afrique du Sud.
Mgr Edward Barron, nommé évêque de ce territoire,
se met en quête de personnel. Mais les candidats
à l’apostolat en Afrique sont rares. Les Jésuites
et les Dominicains s’étant récusés, c’est fi nalement
auprès de Libermann et de ses futurs Spiritains que
Mgr Barron trouve ses hommes.
L’année 1842 marque donc les véritables débuts
de l’expansion spiritaine en Afrique noire, tout en
ouvrant une nouvelle phase d’évangélisation du
continent. Cette année-là, une première équipe de
missionnaires est envoyée de Gorée au Sénégal vers
le cap des Palmes (une rade stratégique plus au
sud, entre l’actuel Libéria et la Côte d’Ivoire). Les
hommes sont en apparence bien préparés : ils ont
effectué en France des marches d’entraînement de
soixante-dix kilomètres par jour et emportent avec
eux vingt tonnes de matériel. L’expérience tourne
pourtant rapidement à l’hécatombe. Trois rescapés
– que l’on croyait morts – cherchent une meilleure
base plus au sud et arrivent au Gabon en septembre
1844. Ils y créent leur première mission à Sainte-
Marie, près de l’actuelle Libreville.
Ainsi – et malgré les nombreuses stratégies élaborées
en amont – l’implantation progressive des
Spiritains en Afrique noire ne saurait être considérée
comme le fruit d’un plan précisément suivi.
Le taux de mortalité dramatiquement élevé des
premiers missionnaires2, le manque de ressources
fi nancières, la cohabitation parfois délicate avec les
populations locales ou la défense par les nations
européennes de leurs aires d’infl uence sont autant
de facteurs qui obligent la congrégation à adapter
ses projets et avancer avec pragmatisme.