FEATURE
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FIG. 20 (CI-DESSUS) :
Masque de la danse okuyi.
Punu, Gabon. XIXe siècle.
Bois polychrome. H. : 34 cm.
Collection CSSp.
© CSSp, photo : Vincent Girier-
Dufournier.
FIG. 21 (À GAUCHE) :
Souffl et de forge okuka.
Punu / Lumbu, Gabon.
XIXe siècle.
Bois et peau animale. 50 x 30 cm.
Collection CSSp.
© CSSp, photo : Vincent Girier-
Dufournier.
missionnaires se trouvent bientôt engagées dans un
nouveau processus de présentation.
Les collections ethnographiques, outils de communication
En France, les missions évangéliques protestantes
sont les premières, dès l’Exposition universelle de
1867, à présenter leurs collections d’objets. Il faut
attendre 1894 et l’Exposition universelle de Lyon
pour que les missions catholiques les imitent. La
Société des missions africaines organise à cette occasion
une exposition d’objets. Si les Spiritains ne
sont pas impliqués directement dans l’événement,
celui-ci mérite néanmoins d’être mentionné ici, en
ce qu’il fonde une démarche bientôt commune à
tous les ordres missionnaires catholiques.
Les pièces montrées à l’Exposition universelle de
Lyon sont majoritairement des sculptures liées à la
magie et à la divination15. Leur nature et leur fonction
étant pour la plupart inconnues, la force de ces
artefacts réside pour les propagandistes missionnaires
dans leur capacité à capter les projections du
public. Images vivantes du paganisme africain, les
« fétiches » symbolisent l’ignorance de la Révélation
dans laquelle les Noirs sont restés. Ils ont ainsi
le pouvoir positif de susciter compassion et charité,
tout en démontrant la nécessité de l’oeuvre apostolique.
Mais les « fétiches » matérialisent aussi, de
façon négative, la supposée sauvagerie de l’Afrique :
l’anthropophagie, les sacrifi ces, l’idolâtrie. Autant
d’aspects exacerbés par les commentaires caricaturaux
accompagnant les oeuvres16 et qui, par opposition,
renvoient au courage, à l’abnégation et au
dévouement des missionnaires. L’exposition de
1894 jette ainsi les bases d’une relation ambiguë qui
va unir, pour les décennies à venir, objets ethnographiques
et communication missionnaire.
Plusieurs événements importants impliquant la
Congrégation du Saint-Esprit, replacés dans cette
démarche propagandiste, permettent aujourd’hui
de comprendre la manière dont les collections spiritaines
ont été constituées et utilisées.
Principales expositions impliquant les Spiritains
En mai 1914, la Congrégation du Saint-Esprit organise
une grande exposition d’art africain, non plus
dans le cadre imposant d’une exposition universelle
ou coloniale, mais dans celui, plus intime, d’un
hôtel particulier de la rue d’Astorg à Paris. L’événement,
orchestré par le père Daniel Brottier, vise