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discutable. Même sur le marché de l’art de cette
époque, l’attention accordée aux provenances et
aux noms respectables a malheureusement souvent
aveuglé les amateurs, les empêchant de déceler les
faiblesses d’un objet. En outre, en mettant l’accent
sur la provenance d’une oeuvre, des objets qui sont
pourtant de piètre qualité seront parfois encensés,
ce qui entraînera une hausse totalement injustifi ée
de leur valeur marchande.
Si les informations concernant la provenance
des oeuvres de la Barnes Foundation et d’autres
« anciennes » collections presque mythiques
revêtent sans doute un intérêt historique, elles ne
valident pas forcément l’authenticité des oeuvres,
pas plus qu’elles n’attestent une quelconque
distinction esthétique. Cela dit, les inscriptions et
les croquis relatifs à l’exposition marquante Kongokunst
qui s’est déroulée à Anvers en 1937-1938
confi rment le lien entre un tel objet et Frans M.
Olbrechts, fondateur de l’étude morphologique de
l’art africain. Ces documents éclairent avant tout
– pour le meilleur et pour le pire – une période de
l’histoire qui a, d’une part, façonné l’appréciation
et la compréhension du sujet et, d’autre part,
favorisé la reconnaissance des collections privées
en tant que lieux de conservation majeurs.
FIG. 22 (À GAUCHE) :
Figure féminine. Songye,
RDC.
Bois, pigment, corne, perles de verre,
cordon en fi bre et résine. H. : 59,5 cm.
Ex-Willy Claes, Bruxelles (vers 1937) ;
Émile Deletaille, Bruxelles (vers 1972) ;
John J. Klejman, New York (vers 1973) ;
Jack et Deborah Rosenberg, New York
(1973 à 2004) ; Sotheby’s, New York
(11 novembre 2004 ; lot 12) ; Bernard
de Grunne, Bruxelles.
Collection privée.
© Frédéric Dehaen, avec l’aimable
autorisation de B. de Grunne Archives,
Bruxelles.
Servant au départ de réceptacle à
des substances magiques d’origine
végétale, animale et minérale, la
corne insérée dans le crâne met
également l’accent sur l’altérité de
la fi gure – faisant de celle-ci le point
d’intersection de la création culturelle
et de l’entité animale – et soulignant la
dimension ambivalente de la fi gure, en
tant que chef sacré doté de pouvoirs de
création et de destruction de la canne.
FIG. 23 (CI-CONTRE) :
Croquis de Frans M.
Olbrechts représentant la
fi gure féminine songye (ex-
Claes, ex-Rosenberg).
MAS | Museum aan de Stroom, Anvers.
© Collectiebeleid Musea en Erfgoed,
Anvers.