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PAGE DE GAUCHE, AU
MILIEU : Trompe latérale.
Bafo, Cameroun. XIXe siècle.
Ivoire. L. : 24 cm.
Ex-coll. Josef Mueller.
Fundación la Fontana, FI.2006.01.11.
© Archivos Fundación la Fontana.
CI-DESSOUS, DE GAUCHE
À DROITE : Siffl et. Pende,
RDC. XIXe siècle.
Ivoire. L. : 10,5 cm.
Fundación la Fontana, FI.2013.01.01.
© Archivos Fundación la Fontana.
Ensemble de pendentifs
hungana (RDC) dans les
réserves du musée royal
de l’Afrique centrale de
Tervuren.
Pendentif au visage érodé.
Hungana, RDC.
Détail d’un bracelet. Mossi,
Burkina Faso.
Cloche. Dinka, Soudan.
Collection privée.
Photos : A. Arthur, Archives - Tribal Art
Magazine.
c’est oublier qu’historiquement, toutes les prohibitions
totales n’ont fait qu’aiguiser les appétits et
ont fi nalement échoué.
Seule une interdiction ciblée du commerce de
l’ivoire moderne couplée à une lutte sans merci
contre les braconniers et les contrebandiers pourra
assurer la protection des espèces en danger. À nouveau,
on objectera sans doute qu’il est plus facile
de tout interdire et que les politiques de protection
requièrent des moyens qui font cruellement
défaut à l’Afrique. Pourtant, en avril 2016, le
Kenya a détruit tout son stock d’ivoire, soit cent
cinq tonnes et il en resterait plus de six cents dans
les autres États africains. C’est là une manne providentielle
qui part en fumée alors que, vendus
dans de strictes conditions, ces stocks saisis pourraient
servir à lutter effi cacement contre ce trafi c
illicite et mortifère. Il ne s’agirait pas, comme le
proposent certains, de légaliser et d’encadrer le
commerce de l’ivoire, solution qui, tenant compte
de la lente croissance des pachydermes, n’est pas
sérieusement envisageable, mais de se doter rapicommerce
illégal de l’ivoire, en interdisant notamment
les exportations d’ivoire brut. Alors même
que dans l’Union européenne le commerce d’ivoire
était déjà strictement encadré depuis le 18 janvier
1990, date à laquelle l’éléphant d’Afrique a été
inscrit sur l’annexe I de la CITES, qui recense les
espèces animales et végétales les plus menacées. Au
niveau européen, le commerce était déjà limité aux
objets antérieurs à 1947 et considérés comme des
antiquités, ou à des pièces et morceaux bruts entrés
dans l’Union avant 1990.
Les statistiques sur le braconnage démontrent
donc l’ineffi cacité de ces législations qui ne s’attaquent
pas à ses véritables causes. La raison de cet
échec est évidente : le commerce des « antiquités »
et le braconnage des éléphants ou des rhinocéros ne
sont en rien liés.
Il faut plus simplement oser dire que l’Asie et
plus particulièrement la Chine sont aujourd’hui
les destinataires principaux de la majeure partie
de l’ivoire et de la corne de contrebande, utilisés
tant dans une production « artistique » moderne
qu’en médecine traditionnelle. C’est à ce marché
si bien identifi é et à ses fi lières d’approvisionnement
qu’il convient de s’attaquer. Une prise de
conscience semble s’opérer en Chine puisque Pékin
vient d’annoncer fi n décembre 2016 que la vente et
la transformation d’objets neufs en ivoire seraient
entièrement interdites en Chine d’ici fi n 2017.
Les chantres de la prohibition objecteront probablement
que sans une interdiction totale et mondiale
du commerce de l’ivoire, sans distinction de
son état, brut ou travaillé, ou de son ancienneté,
les trafi cs et les fi lières de contrebande existeront
toujours pour alimenter des marchés parallèles.
Pourtant, suivre cette position jusqu’au-boutiste
dement des moyens nécessaires.
Passé le soulagement et faisant fi des incertitudes
qui devront encore être levées par décret et
des tracasseries administratives que ne manqueront
pas d’entraîner les « simples déclarations », il reste
le sentiment d’avoir évité le pire et le souvenir des
prises de position en avril 2016 de la ministre de
l’Écologie d’alors, qui avait annoncé, en marge
d’une grande cérémonie de destruction d’ivoire
organisée à Nairobi, l’interdiction prochaine en
France de «tout commerce d’ivoire sur le territoire
», que devait ensuite tenter d’instaurer l’arrêté
16 août 2016, heureusement modifi é par l’arrêté
du 4 mai 2017.