LA CONGRÉGATION DU SAINT-ESPRIT ET L’AFRIQUE
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FIG. 18 (CI-DESSUS) : Statue
à pouvoirs nkondi. Vili,
Congo. XIXe siècle.
Bois, pigments, fi bres végétales,
plumes, clous en métal,
résine et tissu.
H. : 55 cm.
Présentée au pavillon des
Missions catholiques lors
de l’Exposition coloniale de
Paris, 1931.
Ancienne collection CSSp.
Collection privée.
© CSSp.
FIG. 19 (À DROITE) :
Musée missionnaire des Orphelins
Apprentis d’Auteuil,
vers 1935.
© CSSp.
Mais les musées missionnaires ne sont pas des
institutions scientifi ques et si leur éclosion, dans le
dernier quart du XIXe siècle, coïncide avec celle des
musées d’ethnographie, leur logique demeure très
différente. Tandis que ces derniers orientent leurs
moyens vers l’étude et la présentation de pièces soigneusement
classées et contextualisées, les musées
missionnaires apparaissent plutôt comme des « instruments
au service de la mission13 », des outils destinés
à sensibiliser et unir les futurs missionnaires
face aux obstacles dressés sur le chemin de l’apostolat.
Saisie par la propagande, cette fonction « fédératrice
» des collections ethnographiques va bientôt
révéler toute sa puissance et s’amplifi er à travers
le phénomène des expositions internationales.
Propagande et expositions
Le XIXe siècle est marqué dans le monde catholique
par un mouvement de renouveau missionnaire, à
la fois cause et conséquence d’une vaste campagne
de mobilisation du peuple chrétien orchestrée par
l’Église. Véritable propagande au sens premier du
terme14, le discours missionnaire s’adresse à des
publics ciblés et emprunte des canaux de diffusion
de masse très variés : périodiques, romans, biographies,
almanach illustrés, calendriers, cartes postales,
littérature savante, radiophonie, cinéma, etc.
Parmi ces vecteurs, les expositions internationales
qui fl eurissent partout en Europe à partir de
la seconde moitié du XIXe siècle sont un instrument
privilégié. Créées initialement pour présenter
les réalisations industrielles des différentes nations,
ces immenses vitrines du progrès intègrent peu à
peu les nouveaux territoires des empires coloniaux
dans leur sphère et avec eux tous les acteurs
de l’expansion coloniale. C’est dans ce cadre que
les missions sont bientôt admises comme participantes.
Le Vatican lui-même, pressentant l’intérêt
de ces grands événements populaires, ne tarde pas
à se saisir de la formule, qu’il décline sous la forme
d’expositions dédiées à l’apostolat missionnaire.
La Congrégation du Saint-Esprit participe activement
– en collaboration avec de nombreux
autres ordres missionnaires – à toutes ces grandes
expositions, qui alternent avec des événements
plus modestes (journées missionnaires, visites
dans les séminaires) destinés à faire connaître
l’action spiritaine dans les provinces françaises.
Dans ce contexte de communication tous azimuts,
les collections ethnographiques recueillies par les