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Faith-dorian Wright 1934–2016
de deux axes qui incluent l’émotionnel et l’intellectuel
; l’un incorporant l’expérience humaine et
l’autre, l’usage fondamental de la forme de base ».
Plus loin, elle dit : « la force de mes tableaux examine
la ligne, la couleur et la forme de certaines
sociétés qui considèrent ces éléments comme très
importants dans le design... J’ai opéré un virage
du réalisme vers l’abstraction, afi n d’être plus
créative dans la transcription des idées derrière le
design. Je me suis concentrée sur les civilisations
non occidentales qui produisent des textiles et des
modèles... des motifs trouvés dans les conceptions
de mur, les vêtements et les outils quotidiens, ainsi
que dans les objets sacrés. Dans mes oeuvres on
trouve représentés des modèles d’Asie, d’Afrique,
et des amérindiens ».
Faith, avec Martin, était parmi les premiers
soutiens du Département des arts de l’Afrique, de
l’Océanie et des Amériques du Metropolitan Museum
of Art, alors que la collection faisait encore
partie du Museum of Primitive Art au centre de
New York.
Faith et Martin furent également impliqués
dans le soutien au Musée d’Israël à Jérusalem pendant
près de quatre décennies. Leur don de plus
de 500 pièces exemplaires a fait du musée le seul
dépôt de cet art en Israël et de sa collection l’une
des plus importantes de la région. Ils ont généreusement
fi nancé la création de vastes espaces
pour accueillir leurs dons, avec des galeries d’art
africain, océanien et nord-américain portant leur
nom. À l’occasion de l’ouverture de la galerie d’art
africain en 1981, un colloque festif initié par eux a
eu lieu au Musée d’Israël, en l’honneur de Claude
Lévi-Strauss qui en était le conférencier invité avec
une liste de prestigieux spécialistes en art tribal.
À travers le rôle qui a été le sien pour démocratiser
cet art, Faith restera longtemps dans la mémoire
non seulement des visiteurs, mais de nous,
les conservateurs des arts d’Afrique, d’Océanie
et des Amériques au Musée d’Israël. Nous avons
FAITH-DORIAN WRIGHT, passionnée par l’art
et dotée d’une grande énergie artistique, est née
à Brooklyn, où elle a grandi avec un goût pour
l’art inculqué par sa mère. Déjà reconnue pour
son talent artistique au lycée, elle a été acceptée
dans un programme spécial de New York pour les
enfants doués, le premier de son genre à l’époque.
De nature curieuse et investigatrice, la jeune fi lle
qu’elle était a insisté pour étudier les sciences, un
choix inhabituel pour une femme dans les années
1950, et a obtenu une licence en sciences à l’Université
de New York en 1955. Elle a continué ses
études, réussi une maîtrise d’arts à l’Université de
New York et a poursuivi des études supérieures
au Pratt Institute et à la Parsons School of Design.
Elle a épousé l’avocat Martin Wright en 1955 et ils
ont élevé ensemble leurs deux enfants. Elle a également
poursuivi sa carrière d’artiste et ses oeuvres
enrichissent les collections de grands musées à travers
le monde.
Son intérêt profond pour l’art tribal s’est développé
à l’Université de New York, où elle a suivi
l’enseignement de Robert Goldwater, le premier
directeur du Museum of Primitive Art, et Hale
Woodruff, l’artiste afro-américain, qui était également
un collectionneur d’art africain. L’art tribal
est devenu une source d’inspiration pour elle, et
ce fut pour elle et Martin l’impulsion d’une passion
profonde et commune pour la collecte dans ce
domaine, qui leur valut la reconnaissance internationale
en tant que grands collectionneurs des arts
d’Afrique, d’Océanie et des Amériques.
Daniel Shapiro cite Faith dans son livre Western
Artists/African art : « Pour moi, il y a deux
hypothèses, la visuelle et la psychologique, qui
retiennent mon attention. Les formes de l’art africain
sont simples, qu’il s’agisse d’un bol, d’un
masque ou d’une fi gure. À travers ces formes simplifi
ées, on sent les émotions fortes que représentent
ces cultures. Je me rends compte également
que l’art africain a poursuivi un objectif le long
HOMMAGE
Avec l’aimable autorisation de Dorit Shafi r