que vous payez pour elles. Lorsque vous démarrez,
recherchez les avis de personnes expérimentées sur
les pièces, mais ne dépendez pas entièrement de ces
avis pour vous lancer dans l’achat. La décision doit
être prise par vous.
J. D. : Vous vous rendez
habituellement une fois par an au Tchad. Quels
liens y entretenez-vous ?
C. C. : J’ai une grande famille au Tchad : trentehuit
164
frères et soeurs et plus de trois cents cousins,
nièces et neveux. Et tout le monde est au Tchad ;
je suis le seul de ma famille à avoir quitté le village.
Mais la bénédiction d’avoir une grande famille
comporte aussi beaucoup de responsabilités. Je
suis également très impliqué dans la construction
de la communauté là-bas. J’ai mis sur pied une
école en 1993 et ça fonctionne vraiment bien. Pour
la première fois, un diplômé de l’école est devenu
récemment avocat.
C’est très compliqué parce que je n’ai pas les
ressources suffi santes pour à la fois aider mon
village autant que je voudrais et acheter de l’art, ce
qui est ma passion. C’est une danse délicate. J’aime
faire les deux choses avec l’idée qu’un jour, ma
collection puisse être utilisée pour des causes plus
importantes au Tchad.
J’ai indiqué avoir reçu une éducation dans une
école jésuite. Cela signifi e que je suis allé vivre à
des centaines de kilomètres de mes parents pour
aller à l’école. Je ne pense pas que ce soit une
bonne chose de vivre cela pour un enfant du XXIe
siècle. Les élèves devraient avoir de bonnes écoles
dans leurs communautés. Je retourne chaque année
et fais tout ce que je peux pour aider les écoles de
mon pays. Les villages n’ont toujours pas d’eau
courante, pas d’électricité et il y a beaucoup de
paludisme. Dans le passé, j’ai fourni des ressources
pour résoudre ces problèmes, mais maintenant,
je me concentre uniquement sur l’éducation au
Tchad. Même si je reçois toujours des appels
quand quelqu’un dans mon village est malade ou a
besoin d’aide.
Comme je l’ai dit, un jour j’aimerais que ma
collection soit dans un musée au Tchad. Il n’y a
rien de tel là-bas. L’art n’est même pas enseigné à
l’école. Quand j’y vais, je discute avec mes amis
sur la manière de réaliser cela. Nous y travaillons
toujours.
devenir un grand collectionneur sans vivre avec
et apprendre à connaître les pièces fausses. Vous
ne devez pas être découragé quand vous réalisez
que vous avez acheté un faux. Au bout du compte
vous apprendrez et commencerez à construire une
collection de qualité. C’est ce qui m’est arrivé.
Vous devez développer des relations avec des
personnes de la communauté de l’art tribal. Ne
vous limitez pas à travailler avec un seul marchand.
Vous devez ouvrir vos yeux et votre esprit et
écouter les autres personnes. Avoir une relation de
proximité avec un marchand réputé en qui vous
avez confi ance peut être la clé. Mais vous devez
rechercher les pièces que vous achetez et les prix
FIG. 10 (CI-DESSOUS) :
Cimier ciwara. Bamana, Mali.
Bois, fi bres et résine.
Ex-Dimondstein Tribal Arts, Los
Angeles.
Photo : Marco Leonardo.
PERSONNALITÉ
FIG. 11 (CI-CONTRE) :
Masque. Lega, RDC. XIXe ou
XXe siècle.
Peau d’éléphant africain (Loxodonta
africana), plumes de poule (Gallus
gallus). H. : 25,4 cm.
Collecté sur le terrain par Nicolas de
Kun entre 1948 et 1960.
Ex-Julius et Josefa Carlebach, New
York (1963) ; Zafrira et Itzhak Shoher.
Avec l’aimable autorisation de
Sotheby’s.