Sotheby’s indique que l’objet a été collecté in situ
par les « Pères blancs » aux alentours de 1961,
Claerhout l’a en réalité acheté à cette société de
missionnaires à Anvers en 19614. Les Pères blancs
ont prêté un certain nombre d’objets à Kongokunst.
Le musée d’Anvers a lui-même acheté
d’autres objets luba aux missionnaires cette annéelà,
notamment ce que je considère comme l’une
des plus belles cannes luba, qui fut également
exposée dans Kongo-kunst (voir aussi Petridis
2001 : cat. 57). On peut raisonnablement penser
que Claerhout décida de conserver pour sa propre
collection la canne dont la qualité était inférieure à
celle de la pièce acquise par le musée pour lequel il
travaillait. Les Pères blancs possédaient également
un célèbre masque luba kifwebe, qu’ils prêtèrent
également à l’exposition (fi g. 15 et 16). Ce masque
est ensuite passé par la collection de Katherine
C. White et est aujourd’hui l’un des fl eurons du
Seattle Art Museum5.
Avec sa forme typique de pagaie, la canne ayant
appartenu à Claerhout se distingue par la taille de
la fi gure en son sommet (env. 30 centimètres de
haut). La manière dont la femme debout place ses
125
hommes à travers toute l’Afrique centrale, qui la
consomment lors de rassemblements réguliers et de
cérémonies. Cette coupe brillamment sculptée de
motifs anthropomorphes était vraisemblablement
destinée à exprimer la richesse et les réussites de
son propriétaire et utilisateur, et était utilisée lors
d’événements plus solennels ou particuliers.
Lorsque j’ai découvert cette sculpture au Met,
j’ai cru me souvenir de l’avoir vue parmi les croquis
d’Olbrechts à l’Etnografi sch Museum d’Anvers
(fi g. 12). C’était effectivement le cas, ce qui m’a
fait prendre conscience que j’avais associé à tort le
croquis d’Olbrechts à un objet similaire, quoique
différent et exempt d’inscription, de la collection
Felix, que j’avais inclus dans l’exposition de 2001.
À l’époque, je pensais que les différences entre le
récipient de la collection Felix et celui dessiné par
Olbrechts étaient simplement dues à la « license
artistique » de son auteur. Néanmoins, lorsqu’on
examine le croquis, il ne fait aucun doute que le
récipient du Met est bien celui qui fi gurait dans
l’exposition anversoise de 1937-38, époque à
laquelle il se trouvait dans la collection de Jos (Jozef)
Walscharts à Anvers. La position asymétrique du
bras droit de la fi gure féminine et les bracelets en fi l
de cuivre sont autant de traits caractéristiques qui
le confi rment. À en juger par le croquis d’Olbrechts,
la sculpture a manifestement été réparée en deux
endroits après son apparition dans Kongo-kunst : le
pied droit de la fi gure masculine et une portion du
bord supérieur de la tête de l’une des fi gures.
Deux autres objets qui avaient été exposés dans
Kongo-kunst mais dont on ignorait l’historique
ont été récemment proposés aux enchères. L’un
d’eux est une canne de commandement typique
des Luba présenté sous le lot 60 lors de la vente
organisée par Sotheby’s à Paris le 24 juin 2015
(fi g. 13). Bien qu’elle ne porte apparemment plus
d’inscription, elle correspond à l’un des croquis
d’Olbrechts. Par ailleurs, un frottis représentant
une partie de la remarquable décoration en relief de
l’objet confi rme qu’il était bel et bien présent dans
l’exposition d’Anvers (fi g. 14). Les informations
relatives à la provenance de l’oeuvre fi gurant
dans le catalogue de vente sont incomplètes, mais
évoquent implicitement l’exposition anversoise.
L’un des précédents propriétaires de la canne,
Adriaan Claerhout, a d’abord été conservateur
puis directeur de ce qui allait devenir l’Etnografi sch
Museum d’Anvers. Tandis que le catalogue de
INSCRIPTIONS