MUSÉE À LA UNE
FIG. 3 (CI-CONTRE) :
Figure gardienne de
reliquaire. Mahongwe,
Gabon. Première moitié XIXe
siècle.
Bois, laiton, cuivre et fi bres végétales.
H. : 52 cm.
Musée du quai Branly - Jacques Chirac,
inv. 71.1886.77.2.
© mqB-JC, photo : Hughes Dubois.
FIG. 4 (PAGE DE DROITE) :
Figure protectrice. Lumbo,
Gabon. XIXe siècle.
Bois, kaolin, pigments, peau animale,
fi bres végétales, fi celle, matériaux
organiques et pierre. H. : 32 cm.
Musée du quai Branly - Jacques Chirac,
inv. 71.1943.0.433X.
© mqB-JC, photo : Patrick Gries,
Valérie Torre.
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repose sur une même conception de l’univers et de
l’homme héritée de la tradition bantoue et prenant
forme dans une diversité de représentations qui
s’illustrent dans deux types d’objets : la statuaire
et les masques.
L’exposition s’appuie sur les travaux de classifi
cations stylistiques des oeuvres fang, initiés dès
1972 par l’ethnologue Louis Perrois3 qui applique
la méthode morphologique d’Alfred Maesen sur
les arts de la RDC. Ces travaux d’anthropologie
culturelle sont basés sur l’élaboration de séries pertinentes,
sur l’analyse statistique et la comparaison
systématique des éléments morphologiques et ornementaux
et sur les traditions orales et les expériences
de terrain. Ces éléments constituent le prisme de la
méthodologie utilisée pour une défi nition toponymique
et stylistique croisée plus précise des oeuvres.
Poursuivant les travaux scientifi ques sur les Kota
menés à l’occasion de l’ouverture du musée Dapper
en 19864, le musée du quai Branly-Jacques Chirac a
réalisé différentes analyses sur un corpus d’oeuvres
d’Afrique équatoriale atlantique. Grâce aux technologies
d’analyse par radiographie et scanner ainsi
qu’à la physico-chimie, une étude systématique sur
quarante et une statuettes d’ancêtres et fi gures de
reliquaire a été établie par Christophe Moulherat,
chargé d’analyses des collections du musée du quai
Branly-Jacques Chirac, afi n de déterminer la nature
des patines et des ossements liés aux statues. La
composition des décors métalliques de vingt-neuf
fi gures de reliquaire kota couvrant différents styles
a été complétée par un examen systématique des
essences de bois et des techniques de façonnage.
Ces travaux apportent un nouvel éclairage sur les
modes de production et la composition des oeuvres
de cette région.
Parmi les oeuvres les plus emblématiques de la
sculpture traditionnelle africaine, l’on peut citer les
statues d’ancêtres et les fi gures de reliquaire fang
et kota. La spécifi cité des formes déployée dans la
structure, dans les proportions et dans l’ornementation,
au-delà des conventions plastiques, visait à
renforcer la fonction protectrice de la statue surmontant
les reliques ancestrales. La pratique du
culte des ancêtres à travers la constitution d’une
effi gie sculptée, gardienne des reliques, était partagée
par les communautés fang, kota et punu.
Les masques blancs du centre du Gabon incarnaient
l’esprit d’un ancêtre féminin et étaient portés
par les hommes au cours de cérémonies de deuil,