Place. Des amis lui viennent en aide pour la vente,
qui lui rapporte suffi samment d’argent pour éponger
ses dettes les plus urgentes. Malgré tout, Emma et
Horatia sont envoyées en prison en raison du nonpaiement
130
de leurs dettes, après quoi elles fuient leurs
créanciers en 1814 et s’installent à Calais. Emma y
meurt sans le sou en 1815.
Après la mort d’Emma, Horatia est acceptée dans
la famille de Nelson et reconnue comme sa fi lle.17 Elle
épouse le révérend Philip Ward en 1822. Le couple
utilise souvent le nom composé « Nelson-Ward
». Bien qu’Emma ait perdu la plupart de ses biens,
Horatia tente d’en recouvrer au moins une partie.
D’autres objets appartenant à Nelson ont sans doute
réintégré le giron familial à la suite du mariage de l’un
des fi ls d’Horatia avec la petite-fi lle de l’une des soeurs
de Nelson. Des artefacts de Nelson, notamment le
portrait d’Horatia suspendu au mur de la cabine de
l’amiral sur le HMS Victory, sont bel et bien passés
par la famille Nelson-Ward (fi g. 15), tandis que la
collection Nelson-Ward conservée au National Maritime
Museum, donation du révérend Hugh Nelson-
Ward en 1947,18 comprend une importante quantité
d’objets supposés provenir de Merton Place. Même
si nous manquons d’informations précises à ce sujet,
la famille Nelson-Ward a manifestement trouvé le
moyen de soit conserver, soit récupérer certains des
biens de l’amiral. Toutefois, nous ne pouvons déterminer
précisément quel chemin le penu a pu emprunter
pour rester dans la famille, dans le chaos qui a
régné après la mort de Nelson.
NOTES
1. Nos remerciements à Lynda McLeod, directrice adjointe,
bibliothécaire, Christie’s Archives, à Susan Kloman, directrice
internationale du département de l’art d’Afrique et d’Océanie
chez Christie’s, ainsi qu’à Tim Teuten et Hermione Waterfi eld.
2. Des artefacts de Nelson sont de temps à autre vendus aux
enchères. La vente organisée par la salle de Christie’s de King
Street le 19 octobre 2005 célébrait le 200e anniversaire de la
bataille de Trafalgar. Outre des lettres, d’autres objets étaient
personnellement liés à Nelson : une cuillère en argent, un
chandelier de chambre, un panneau de marqueterie antérieur
à 1797 provenant de la famille Nelson-Ward et quelques
mèches de cheveux. Aucun de ces objets n’a atteint un montant
extraordinaire. En revanche, le fauteuil en cuir de Nelson du HMS
Victory, cadeau d’Emma Hamilton, a été adjugé chez Bonhams le
18 octobre 2017 à 106.250 £ (environ 122.000 euros).
3. On pense que le seul George Romney a peint plus de soixante
portraits d’Emma après leur première rencontre via George
Greville en 1782. D’autres portraits ont été réalisés par Sir
Joshua Reynolds, Thomas Lawrence, Gavin Hamilton, Angelica
Kauffmann, et Vigée le Brun, dont certains se sont rendus
expressément chez les Hamilton à Naples.
4. George Greville, deuxième comte de Warwick, collectionnait
énormément d’oeuvres d’art, mais il semble qu’il se soit attelé en
priorité à bâtir une vaste collection de portraits. Son frère, Charles,
est réputé avoir entretenu des liens personnels avec
Sir Joseph Banks (voir fi g. 14 et leur correspondance)
et aurait permis aux premiers objets océaniens
d’entrer dans la collection du château de Warwick.
Les deux frères étaient proches de leur oncle, Sir
William Hamilton, qui se trouve probablement à
l’origine de l’essentiel de la collection des antiquités
classiques du château, y compris du « vase
Warwick » . De plus amples informations à ce sujet
fi gurent dans la note de bas de page 1 associée à
la référence 278 « Aumakua (image de sorcellerie)
» sur le site Internet de la George Ortiz Collection :
https://www.georgeortiz.com/objects/pacifi c/278-
aumakua-sorcery-image/ (consulté en avril 2018).
5. W. Clark Russell (éd.), Nelson’s Words and
Deeds, Londres : Sampson Low, Marston, Searle, &
Rivington, Ltd, 1890, p. 106-107.
6. Un second enfant, né en 1803, n’a pas survécu.
7. Johann Wolfgang von Goethe, Italienische Reise,
entrée relative au 10 juillet 1787.
8. Dans bon nombre de ses lettres, Nelson se plaint amèrement
de sa mauvaise fortune en matière de parts de prise, à savoir la
récompense substantielle distribuée à l’équipage pour la prise
d’un vaisseau ennemi et de sa cargaison. Dans sa lettre à Lord
Minto datée du 29 août 1798, Nelson regrette de n’avoir reçu
aucune part de prise pour la capture du vaisseau amiral français
L’Orient lors de la bataille d’Aboukir, dont la cargaison atteignait
l’équivalent de 600.000 £ en argent et pierres précieuses, parce
que le navire avait explosé au cours de l’assaut. Cependant,
il reçut apparemment la hampe du navire, que le capitaine
Samuel Hood avait récupérée et qui apparaîtra plus tard dans
la description de la décoration de Merton Place par Lord Minto.
Russell, op cit., p. 104-105.
9. Lui-même membre de la Société des Dilettantes, Sir Joshua
Reynolds a peint, en 1778 environ, deux portraits de groupe
représentant les membres de la société. Hamilton apparaît sur l’un
d’eaux. Greville et Banks apparaissent sur l’autre, se regardant l’un
l’autre avec une étrange fascination.
10. Ezio Bassani, Cook: Polinesia a Napoli nel Settecento, Bologne :
Calderini, 1984.
11. Les travaux de Bassani suggèrent que bon nombre de ces
artefacts provenaient vraisemblablement de la seconde expédition
de Cook (1772-1775), bien que l’illustration de Parkinson
démontre que certains d’entre eux sont issus de la première
expédition (1768-1771).
12. National Library of Australia, MS 9-Papers of Sir Joseph Banks,
1745-1923 (lot 1745-1820) manuscrit./3e série/Article 114.
13. Voir les diverses recherches d’Adrienne Kaeppler sur le sujet.
14. Nelson manquait de moyens pour étoffer sa collection, comme le
prouve la répartition de ses revenus et dépenses qu’il envoya au
très honorable H. Addington le 8 mars 1803. Selon ce document,
Nelson est extrêmement endetté et perçoit un salaire annuel de
768 £, après déduction des frais fi xes (Russell, op cit., p. 157-
158), des revenus somme toute appréciables. Cependant, Nelson
doit prendre en charge les anciens membres d’équipage, affréter
les navires, et assouvir les goûts de luxe d’Emma. Collecter des
objets d’art était un luxe qu’il pouvait diffi cilement s’offrir, même
s’il l’avait souhaité.
15. Cité dans W. Mattieu Williams, « A Pilgrimage to Merton
Abbey », Choice Literature, vol. II, New York : John B. Alden,
1884, p. 261.s
16. Nelson s’est battu toute sa vie pour obtenir la reconnaissance.
On peut se demander quelle aurait été sa réaction en voyant son
frère atteindre les sommets en profi tant du parcours de l’amiral.
17. Horatia n’a jamais reconnu Emma comme sa mère. Bien
qu’elle fût une fi gure maternelle discutable, Emma s’est assurée
qu’Horatia soit instruite et polyglotte.
18. Probablement avant la vente en 1948 de Trafalgar Park, le
domaine du comte Nelson dans le Wiltshire.
FIG. 17 (CI-DESSUS) :
Attribué à Henry Edrige
(1868-1821), Horatia
Nelson. Vers 1805.
Huile sur planche.
National Museum of the Royal Navy,
HMS Victory, présenté par Mme M.
S. Ward en mémoire de son mari,
Maurice Suckling Ward, petit-fi ls
d’Horatia et dernier arrière-petit-fi ls
de Nelson.
PAGE DE DROITE, DE HAUT
EN BAS
FIG. 18 : D’après Sydney
Parkinson (vers 1745 - 1771),
« Various Ustensils &c. of the
Inhabitants of New Zealand,
with some Ornaments &c. of
the People of Terra de Fuego
& New Holland».
Plaque XIII, tirée de A Journal of a
Voyage to the South Seas, in His
Majesty’s Ship, the Endeavour:
faithfully transcribed from the
papers of the last Sydney Parkinson,
draughtsman to Joseph Banks, esq. on
his late expedition with Dr. Solander
around the world/embellished,
Londres : imprimé pour Charles Dilly,
in the Poultry, et James Phillips, in the
George-Yard, 1784.
State Library of New South Wales,
Dixson Library, réf. Q78/10.
Les objets offerts par Hamilton à
Naples sont sans doute l’écharpe de
portage (no 1), l’appui-tête (no 7), la
fl ûte (no 8), l’herminette (no 9) et le
penu (no 10), et probablement les
hameçons no 18-25.
FIG. 19 : Lettre d’Horatio
Nelson à Joseph Banks
au sujet de la saisie des
antiquités grecques. 9 juillet,
1803.
National Library of Australia, MS
9-Papers of Sir Joseph Banks, 1745–
1923 (lot 1745-1820) manuscrit./3e
série/Article 114.
HISTOIRE D'OBJET
/pacifi