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LES ORIGINES DU MASQUE
De tout temps, les Komo ont connu différentes
formes de divination jusqu’au jour où Abálambú,
un homme du clan Oƃúsé 2, reçut une révélation
particulière près de l’Auma. Ce cours d’eau traverse
à peu près à mi-chemin entre les centres d’Opienge
et d’Angumu, dans la zone de Bafwasende, la route
qui relie ces deux endroits. Affl uent de l’Ophio, affl
uent à son tour de la Loya, qui, elle, se jette dans
la Lindi, l’Auma, selon les habitants de la région,
s’engouffre dans une chute, puis disparaît dans
les profondeurs, poursuivant sa route sous terre,
sur une partie de son parcours. Cette particularité
étrange, à laquelle elle doit également son nom,
« la rugissante », l’a fait mettre en rapport avec
l’origine de différents rituels chez les Komo ; les
chutes d’eau et les profondeurs de la terre servant
fréquemment de référence spatiale du transcendant.
C’est en effet à ces endroits que les fondateurs des
rites reçurent leur révélation initiale. Ce fut également
le cas pour Abálambú. Comme le raconte
la légende3, c’est là qu’il fut instruit par des cynocéphales
de l’exercice de la divination et que toute
la structure rituelle de celle-ci lui fut enseignée, y
compris l’utilisation du masque nsembú. Les cynocéphales
(abúlá) ont une place particulière dans la
symbolique komo. Déjà proches de l’homme en
tant que singes, ils vivent en groupe dans le respect
de rapports sociaux nettement marqués. Or le but