PLAQUES DE BÉNIN
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FIG. 12 (PAGE DE GAUCHE) :
Plaque à motifs doubles
fi gurant deux offi ciers avec
leurs épées levées. Bénin,
Nigeria. XVIe siècle.
Alliage cuivreux. H. : 43,2 cm.
Museum of Fine Arts, Boston, Robert
Owen Lehman Collection, inv. L-G
7.30.2012.
© 2017 Museum of Fine Arts, Boston.
que l’on trouve généralement à l’arrière-plan des
plaques. Les personnages se tiennent la main maladroitement,
leurs bras étant restreints par le bas-relief
de la plaque. Aucun élément de la composition
ne s’élève au-delà de la surface de la plaque. La fi gure
8 présente un autre exemple du Groupe Courbe. Ici,
un imposant personnage central joue du tambour,
tandis que ses auxiliaires frappent chacun un double
gong. Les personnages ne se touchent pas, pas plus
qu’ils ne touchent les bords de la plaque, et il reste
un large espace au-dessus et en dessous d’eux. Les
domestiques sont sculptés à plus petite échelle, pour
indiquer leur rang inférieur. Bien que les bras et les
instruments des personnages soient proéminents, les
personnages eux-mêmes demeurent sculptés en basrelief.
Enfi n, un fragment conservé au Met symbolise
les plaques du Groupe Courbe qui représentent des
animaux ou des tenues d’apparat. On y voit deux
poissons de profi l, sculptés en bas-relief (fi g. 9).
Le Groupe Angle se distingue par de plus grands
personnages ornant des plaques plus larges, certaines
atteignant quarante centimètres, et par des compositions
majoritairement en moyen et haut-relief. Les
artistes étendent la composition sur toute la surface
de la plaque. Dans ce groupe, les plaques illustrant
des animaux et des objets inanimés sont rares. La fi -
gure 10 est un exemple typique du Groupe Angle. Elle
présente un seul membre de la cour en haut-relief et
entouré de quatre rosettes formant un motif régulier.
Le personnage apparaît pratiquement en ronde bosse.
Même sur les photos, on distingue une ombre entre
le bras du personnage et la surface de la plaque. Son
bras droit est tendu, projeté vers l’avant, mais l’épée
demeure à la surface de la plaque, forçant le personnage
à tordre la main gauche pour se saisir de l’arme.
D’autres compositions du Groupe Angle mettent
en scène plusieurs personnages, et introduisent une
échelle unitaire, où les individus de rang inférieur
ont la même taille que leurs supérieurs hiérarchiques.
Sur une plaque illustrant l’oba, ses enobore (courtisans)
et deux léopards (fi g. 11), les enobore sont agenouillés
mais font pourtant la même taille que l’oba
lui-même. L’artiste a également choisi de remplir
tout l’espace disponible en ajoutant deux léopards
en trois dimensions au pied des personnages.
Le Groupe Double comprend des plaques plus
grandes (de trente-cinq à quarante centimètres de
large) sculptées en haut-relief et dont les personnages
pratiquement tridimensionnels apparaissent
souvent en nombre sur des compositions complexes.
Les artistes ont utilisé des motifs ornementaux non
seulement sur toutes les plaques du Groupe Double
représentant un seul personnage, mais également
dans des compositions aux personnages multiples.
Le sujet principal des compositions n’est jamais un
animal, tandis qu’une seule plaque présente un objet
inanimé.5 Une plaque du Museum of Fine Arts de
Boston représentant deux membres de l’entourage
du roi (fi g. 12) illustre à merveille le Groupe Double.
Les deux courtisans brandissent leur épée d’apparat
ou eben. Leur corps est rendu pratiquement en trois
dimensions, tandis que leurs bras et les côtés de leur
torse s’élèvent de la surface de la plaque. Les bras
tendus tenant les épées se projettent nettement vers
l’avant. L’artiste a agrandi les corps de manière à ce
qu’ils remplissent en grande partie la surface de la
plaque. En raison de cette amplifi cation des personnages
humains et de leur mouvement dans l’espace,
le Groupe Double comprend les plaques les plus intéressantes
sur le plan narratif parmi toutes les oeuvres
du corpus. De plus, l’impression de mouvement qui
se dégage de ces représentations les distinguent d’une
illustration statique du protocole de la cour.
Certaines plaques du Groupe Double présentent
des similitudes avec celles du Groupe Angle. Sur la
fi gure 13, un membre de la cour tenant une épée et
portant un paquet sur la tête est entouré par un motif
classique de poisson d’eau douce. Ses bras et son épée
décollent littéralement de la surface de la plaque, ce
qui souligne le haut-relief du personnage. Sur un
autre exemple (fi g. 14), un guerrier casqué accompagne
deux hommes de taille similaire, l’un d’eux
portant une boîte à offrande. Néanmoins, l’élément
qui distingue les plaques du Groupe Double de celles
des autres groupes est la plasticité accrue des personnages.
Ceux-ci possèdent une dimension quasi sculpturale
et leur corps occupe tout l’espace disponible.
Les épaules du personnage casqué semblent glisser
sur le porteur d’offrandes, tandis que la sensation de
contact entre les deux personnages tend à accroître
l’impression de vitalité. Le Groupe Double comprend
également de nombreuses compositions aux
personnages multiples. La composition illustrant la
procession d’un courtisan (fi g. 16) en est un très bel
exemple. Ici, une multitude de personnages couvrent
la surface de la composition, qui semble évoquer
un moment spécifi que. Deux domestiques de petite
taille jouent de la musique au-dessus du courtisan,
ce qui suggère un lieu particulier également. Bien que
des compositions aux personnages multiples comme