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AFRIQUE. Les religions de l’extase
Montrer l’expérience pour comprendre
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Le 18 mai dernier, le Musée d’ethnographie
de Genève a offert au public une nouvelle
exposition temporaire se penchant, pour la
première fois depuis la réouverture du musée en
octobre 2014, sur le continent africain. Conçu par
le directeur du MEG, Boris Wastiau, l’événement,
intitulé Afrique. Les religions de l’extase, propose
une réfl exion sur le fait religieux fondée sur
les émotions que suscite, chez le croyant, la communion
avec les forces divines. Aussi, les près de
quatre cents oeuvres qui jalonnent le parcours – objets
ethnographiques puisés dans les collections du
musée, photographies et reportages fi lmés sur le terrain,
ainsi que créations visuelles d’artistes contemporains
– s’offrent-elles aux visiteurs comme autant
de témoignages de la richesse et de l’omniprésence
des pratiques religieuses africaines.
Quelques semaines avant l’ouverture au public
de l’exposition, nous avons eu le privilège de visiter
l’exposition en cours de montage avec Boris
Wastiau, qui nous en a dévoilé tous les secrets.
Propos recueillis par Elena Martínez-Jacquet
Tribal Art magazine : Parler de religion au XXIe
siècle a quelque chose d’un triple saut mortel tant le
sujet peut provoquer des réactions allant de l’indifférence
aux passions les plus extrêmes. Qu’est-ce qui
vous a décidé à explorer cette thématique et, plus
particulièrement, à partir de l’exemple africain ?
Boris Wastiau : Les pratiques religieuses en
Afrique m’intéressent depuis fort longtemps.
Ce n’est pas un hasard si j’ai consacré mes recherches
doctorales aux rites de possession chez
les Luvale de Zambie et d’Angola ! La complexité
du phénomène religieux et son omniprésence
dans la vie des Africains est tout à fait étonnante
et, pourtant, il s’agit d’un sujet très peu connu en
Europe. Depuis 2015, j’assure un enseignement
en anthropologie religieuse focalisé sur l’Afrique
dans l’unité d’histoire des religions de l’université
de Genève. Lors de la première séance, j’ai
pris l’habitude de demander aux étudiants de me
donner le nom d’une religion africaine et leur
silence me déroute à chaque fois ! Je suis surpris
FIG. 1 (EN HAUT) :
Ensemble de croix. Amhara,
Éthiopie, hauts plateaux du
centre. XIXe - XXe siècle.
Argent, bronze, bois et cuir.
Collection du MEG.
© MEG, J. Watts.