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komo et qui trouve sa synthèse la plus expressive
dans le jeu des couleurs.
Le noir, couleur la plus cachée, renvoie à toutes
ces forces destructrices qui entament la vie. Elles
sont réelles et présentes comme la nuit, et il s’agit
de passer outre, de les enjamber sans s’y faire
prendre. C’est pourquoi tous les rites importants,
ceux qui ont une valeur proprement initiatique,
se déroulent de nuit, débutant nécessairement au
coucher du soleil et ne prenant fi n que lorsque
celui-ci se lève à nouveau. Il s’agit en effet d’enjamber
la nuit et de relier ainsi le jour au jour.
Le blanc est la couleur de transition, couleur incertaine
et ambivalente, qui renvoie à la lumière
blafarde de la lune ; risquant de se faire récupérer
et de disparaître à nouveau dans la nuit, tout en
portant en elle toute l’attente du rouge, la pleine
lumière du soleil et du jour, de la santé et de la vie.
* L’éditeur remercie vivement l’auteur pour
cette contribution apportant un éclairage sur
une production de masques aussi passionnante
que peu connue. Le présent article reprend dans
une perspective plus large les données présentées
dans Africa-Tervuren, XIX-1973-2, p. 29-32,
sous le titre de « Het komo masker : oorsprong
en functie ». L’auteur tient à préciser le caractère
passé de ses observations, n’ayant pu suivre,
jusqu’à ce jour, l’évolution des responsabilités
au sein de la fonction de devin, ni celle de la
ritualisation de cette fonction, qui a dû être
fortement affectée par les troubles qui depuis lors
ont sévi dans la région.