UN PENU TAHITIEN
qu’Emma elle-même aurait usé de ses relations personnelles
avec la reine pour obtenir l’autorisation en
question. Nelson quitte la Sicile, puis repère la fl otte
française à l’ancre dans la baie d’Aboukir, au nordest
d’Alexandrie. La bataille d’Aboukir, ou bataille
du Nil, durera trois jours, du 1er au 3 août 1798.
L’escadre de Nelson remportera une victoire décisive,
qui vaudra à l’amiral d’être hissé au rang de
héros en Grande-Bretagne. À la mi-septembre, Nelson
revient à Naples pour se remettre d’une blessure
subie au combat. Dans une lettre à sa femme, Fanny,
il décrit de quelle façon théâtrale Lady Hamilton
s’est évanouie en le voyant : « Madame monta
sur le pont et s’exclama ‘Dieux ! Est-il possible ?’,
puis se laissa tomber dans mes bras, plus morte que
vive. » Il poursuit en la décrivant comme « l’une des
meilleures femmes qui soient au monde ; elle honore
vraiment son sexe. »5 Emma venait sans doute de
tirer la première salve d’une campagne de séduction
qui allait s’avérer payante.
La liaison qui s’ensuit entre Emma et Nelson est
intense, notoire, et secoue la société géorgienne, peu
habituée à des moeurs à ce point scandaleuses adoptées
si ostensiblement par un héros national et un
célèbre couple marié. La presse les tourne fréquemment
en ridicule (fi g. 12), scrutant leurs moindres
faits et gestes. De cette liaison naîtra une fi lle, Horatia,
qui voit le jour à Londres en janvier 1801 (fi g.
17).6 Ses parents, et c’est tout à leur honneur, font
en sorte de la protéger, la faisant passer pour l’enfant
orphelin de l’un des compagnons d’armes de
Nelson. Hamilton et Nelson demeurent bons amis,
comme en atteste leur correspondance cordiale. Hamilton
est au courant de cette liaison, mais ne semble
127
FIG. 10 (CI-DESSUS) :
Sir Joshua Reynolds (1723-
1792), Sir Joseph Banks, Bt,
1771–1773.
Huile sur toile. 127 x 101,5 cm.
National Portrait Gallery, acquisition
avec l’aide du National Heritage
Memorial Fund, de l’Art Fund et du
Pilgrim Trust, 1986, inv. 5868.
FIG. 11 (EN HAUT À
DROITE) :
Friedrich Rehberg (1758-
1835), Lady Emma’s
“Cleopatra Seduttrice”
attitude.
Plaque IX tirée de Friedrich Rehberg,
« Drawings Faithfully Copied from
Nature at Naples: And with Permission
Dedicated to the Right Honourable
Sir William Hamilton … », éditeur non
précisé, 1794.
FIG. 12 (CI-DESSUS) : James Gillray (vers 1756-
1815), A Cognocenti Contemplating ye Beauties
of ye Antique, 1801.
Publié par H. Humphrey, Londres, 11 février 1801.
Eau-forte sur papier colorée à la main. 37,3 x 27,4 cm.
Les images sur le mur représentent, de gauche à droite, Emma
Hamilton seins nus tenant une bouteille de gin dans le rôle de
Cléopâtre, Nelson dans le rôle de Marc Antoine, un volcan en
éruption, et William Hamilton dans le rôle de Claudius (qui,
comme Hamilton, était connu pour sa passion pour les plaisirs de
la table).
FIG. 13 (À GAUCHE) : William Say (1768-1834)
d’après Sir Joshua Reynolds, The Society of
Dilettanti, 1821, d’après un original d’environ 1778.
Manière noire (mezzotinto) sur papier vélin, 48,8 x 37,2 cm.
Sir William Hamilton est assis au milieu, pointant son livre
d’antiquités grecques.
FIG. 14 (À DROITE) : William Say (1768-1834)
d’après Sir Joshua Reynolds, The Society of
Dilettanti, 1821 d’après un original d’environ 1778.
Manière noire (mezzotinto) sur papier vélin, 47,9 x 37,4 cm.
Charles Greville se tient au milieu au fond, échangeant un regard
avec Sir Joseph Banks qui se trouve à droite.