MUSÉE À LA UNE
des états émotionnels auxquels peuvent conduire
les pratiques religieuses en Afrique.
Dans un premier temps, le visiteur est amené
à s’intéresser aux monothéismes abrahamiques :
christianisme, judaïsme et islam. Le parcours
démarre par un focus sur la religion orthodoxe
éthiopienne et érythréenne, pratiquée dès le IVe
siècle et évoquée dans l’exposition par un ensemble
de croix (fi g. 1 et 3), de peintures et d’objets liturgiques.
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Dans cette religion très manichéiste, le combat
du bien et du mal est une affaire quotidienne.
La présence du mal se révèle dans le corps des
fi dèles, notamment dans des moments de transe.
Ces derniers en sont délivrés par l’application
de la croix chrétienne avec ses motifs d’entrelacs
qui évoquent la vie éternelle dans l’au-delà. Pour
évoquer le prophétisme, très présent en Afrique,
l’exposition montre une photo de Jésus de Chingalala,
que j’avais déjà rencontré en 1997 lors de
mes recherches doctorales sur le terrain à Zambezi
(Zambie, province du Nord-Ouest – frontière
de l’Angola). L’an passé, nous l’avons retrouvé
au même endroit, accompagné de ses deux dernières
suivantes, qui n’étaient autres que ses deux
concubines. Son témoignage vient enrichir la série
d’interviews que présente l’exposition.
Cette première section se termine par une
réfl exion sur le judaïsme et l’islam, évoqués surtout
par le biais de la photographie. Le visiteur
est ensuite plongé dans l’univers des religions
autochtones. La deuxième partie est consacrée aux
pratiques divinatoires, au rapport à la mort et au
sacrifi ce. Si la divination est abordée à travers des
objets d’origines géographiques diverses appartenant
au devin, le culte aux ancêtres est expliqué
à partir d’une sélection d’objets très caractéristiques
: les fi gures gardiennes de reliquaire des
peuples Kota et Fang d’Afrique équatoriale (fi g. 5).
Cette section se termine par une grande fresque de
photographies de Jacques Faublée, dont le MEG
conserve les archives, consacrée aux rites funéraires
à Madagascar (fi g. 10) qui rappelle qu’en
Afrique, comme ailleurs dans le monde, on traite
la mort de façon très organisée. Enfi n, la question
du sacrifi ce est abordée par le biais de photographies
de terrain prises en Zambie, ainsi que par
une installation de Theo Eshetu dont les images
ont été prises sur l’île de Lamu durant la fête de
l’Aïd, qui commémore le moment où Abraham a
prouvé sa foi à Dieu, en acceptant de lui donner
FIG. 5 : Figure de reliquaire
biyema byeri. Gabon,
Moyen-Ogooué
Fang Betsi. Fin du XIXe -
début du XXe siècle.
Bois, fi bres végétales.
MEG Inv. ETHAF 020498.
Acquis du pasteur Fernand Grébert
en 1945, missionnaire au Gabon de
1913 à 1931.
© MEG, J. Watts.
PAGE DE DROITE
FIG. 6 (À GAUCHE) :
Fabrice Monteiro (né
en1972), Holy 1, série Vues
de l’esprit, 2014 (2017).
Fibres végétales, résine, textile,
peinture.
Édition 5/5.
Papier Hahnemuehle Etching 350 g.
167 x 125 cm.
MEG Inv. ETHPH 421483.
FIG. 7 (EN HAUT À
DROITE) : Masque dean gle
Liberia, village de Demple
Gio ou Dan. Début du XXe
siècle.
Bois.
MEG Inv. ETHAF 022938.
Acquis de l’ethnologue Hans
Himmelheber en 1950 ; collecté
en 1949.
© MEG, J. Watts.
FIG. 8 : Theo Eshetu
(né en 1958). Trip to Mount
Zuqualla, Éthiopie, Oromia,
Misraq Shewa. 2005.
Installation vidéo, capture d’écran.
© Axis Gallery.
FIG. 9 (EN BAS À DROITE) :
Poteau anthropomorphe
bochio, Bénin
Fon. Début du XXe siècle.
Bois, textile.
MEG Inv. ETHAF 038050.
© MEG, J. Watts.