DOSSIER
FIG. 9 a-b (CI-CONTRE et
PAGE DE DROITE) : Vues
complémentaires de la pièce
en fi gure 1.
FIG. 10 (CI-DESSOUS) :
Crâne surmodelé. Iatmul,
Moyen Sepik, PNG. Début
XXe siècle.
Crâne, argile, pigments blancs, noirs et
rouges. H. : 20 cm.
Ex-coll. Jacques Kerchache.
Collection Michel Grandsard, Anvers.
Photo : Hugo Maertens - Bruges.
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nier, a appartenu à l’Ubersee Museum de Brême
sous le numéro D 3607, puis au marchand Arthur
Speyer. Comme nous l’évoquions plus haut, ce sont
des objets qui ne sont pas destinés à la vente. Il
est peu probable que le moindre tabouret d’orateur
de grande maison cérémonielle ait quitté le Sepik à
une date ancienne.
PISTES MÉTHODOLOGIQUES ET
QUESTION DE TERMINOLOGIE
Cinq points de réfl exion sur cet objet peuvent être
développés pour en comprendre la nature et les raisons
pour lesquelles les habitants du cours moyen
du Sepik lui accordent un statut aussi important.
Les tabourets d’orateur sont créés pour un cadre
architectural particulier qui en défi nit l’usage et le
statut. D’autre part, on associe à ces objets une série
de noms dont quelques-uns sont génériques (communs
à plusieurs tabourets), bien que la plupart
restent secrets. En troisième lieu, on les utilise lors
de débats publics. C’est cet usage qui a pu justifi
er l’appellation en français du terme « pupitre »
pour les désigner. En effet, on sait que certaines
personnes qui prennent la parole frappent avec des
feuilles l’assise du tabouret pour rythmer les différents
points de leur argumentation. En quatrième
point, nous voudrions mettre en lumière les relations
qui existent entre ces objets et la pratique de
la guerre dans la région. On s’aperçoit ainsi que les
débats les plus importants sont relatifs aux préparatifs
de guerre et que, par ailleurs, le nom des sièges
et le nom de l’être qui anime les guerriers est souvent
le même. Enfi n, la position architecturale de
l’objet, l’ensemble de noms qui lui sont attribués
(publics et secrets), son rôle dans les débats et dans
la conduite de la guerre en font un objet inaliénable,
au sens, évoqué en introduction, donné par Annette
Weiner ou par Maurice Godelier.
Pour aborder ces différents points nous nous
sommes appuyés sur l’importante littérature concernant
cet objet. Nous avons souhaité comparer plusieurs
zones culturelles voisines, en premier lieu les
trois groupes iatmul dont les villages sont construits
sur ou à proximité du cours moyen du fl euve Sepik.
Par ailleurs, une grande partie des informations
provient d’études de terrain que nous avons menées
depuis 1997 chez leurs voisins, les Chambri. Cette
approche comparatiste permet de mettre en lumière
les usages communs à tous ces groupes, mais éga-