WESTERN NORTH AMERICA
sance italienne, identifi ée comme étant
la riche et belle Marietta Strozzi (fi g.
14), soulève par exemple la question
de la manière dont les femmes exerçaient
un pouvoir politique et dont les
femmes puissantes étaient représentées
par des artistes en Afrique et en
Europe. L’iyoba occupait une position
politique puissante et un rang à part
entière, tandis que la femme italienne
était commémorée en tant qu’attribut
du pouvoir masculin. Ces questions sont explorées
plus en profondeur dans les salles de l’exposition
consacrées aux thèmes du genre et de l’esthétique.
Les visiteurs sont encouragés à considérer de
manière critique les juxtapositions, de même que
les groupements thématiques, afi n de tirer leurs
propres conclusions sur la façon dont les objets
sont liés les uns aux autres. Les textes muraux et
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FIG. 11 et 12 : Vues de
l’exposition Unvergleichlich:
Kunst aus Afrika im Bode-
Museum.
© Staatliche Museen zu Berlin / David
von Becker.
FIG. 13 (À DROITE) : Tête
commémorative de reine
mêre iyoba. Royaume de
Bénin, Nigeria. XVIe siècle.
Staatliche Museen zu Berlin –
Preußischer Kulturbesitz,
Ethnologisches Museum.
© SMB, Ethnologisches Museum,
Jürgen Liepe.
FIG. 14 (CI-DESSOUS) :
Desiderio da Settignano,
Portrait d’une jeune fi lle,
probablement Marietta
Strozzi. Vers 1462.
Staatliche Museen zu Berli –
Preußischer Kulturbesitz
Skulpturensammlung et Museum für
Byzantinische Kunst.
© SMB, Skulpturensammlung und
Museum für Byzantinische Kunst,
Antje Voigt.
aux entrées du musée qui se trouvent juste après la
cafétéria et la librairie. Au hasard de leur visite, les
visiteurs croisent les dix-neuf autres paires.
Chacune de ces associations soulève des problèmes
différents. Beaucoup se fondent sur des similitudes
formelles ou matérielles, mais posent des
questions qui vont au-delà des apparences. La juxtaposition
de la statue de la déesse (ou princesse)
de Bénin avec le Putto de Donatello, deux petits
bronzes aux bras levés, interroge sur la manière
dont chaque objet est entré dans les collections berlinoises
: le Putto comme un chef-d’oeuvre esthétique,
et la fi gure de Bénin comme de bien moindre
valeur. D’autres paires abordent des questions
telles que les échanges artistiques entre l’Afrique et
l’Europe ; les différentes stratégies de représentation
à l’oeuvre dans les portraits ; l’héroïsme ; les
reliquaires et l’importance de la matérialité des
objets ; la représentation des femmes ; celle du bien
et du mal. Les similitudes formelles peuvent parfois
révéler des relations substantielles et conceptuelles
entre les objets, tandis que des apparences similaires
peuvent, au contraire, masquer de profondes
différences.
La seconde partie de l’exposition,
située dans les salles d’expositions
temporaires au sous-sol du Bode-Museum,
présente plus d’une centaine
d’objets, répartis en groupes thématiques.
Six sujets sont abordés : la
manière dont les artistes africains et
européens se sont représentés depuis
le XVIe siècle ; la dimension esthétique
présente dans les oeuvres africaines
et européennes ; l’ambiguïté
de la notion de genre ; l’utilisation de
l’art comme moyen d’orientation et
de protection ; le caractère performatif
de nombreux artefacts ; la manière
dont des événements importants de la
vie, tels que la mort, ont constitué la
base du travail des artistes, aussi bien
en Europe qu’en Afrique.
Les groupements permettent d’aborder ces
thèmes plus en profondeur que ne le permettent
de simples juxtapositions. Dans la première partie
du parcours, l’association d’une tête commémorative
de reine mère (iyoba) du royaume de Bénin
(fi g. 13), peut-être Iyoba Idia elle-même, avec le
buste en marbre d’une jeune femme de la Renais-