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FIG. 6 : Le père Frank
Christol (1884-1979).
« Les gardiens du temple.
Totems de la fécondité.
Circonscription de Dschang,
région bamiléké », avant
1928.
Musée du quai Branly – Jacques
Chirac, Paris, inv. PP0022953.
Les cimiers tsesah ne constituent
pas les seuls exemples de coiffes
démesurées créées par les artistes
Bamiléké. Ils font partie d’une
tradition de monumentalité que l’on
retrouve à la fois dans les mascarades
régionales et dans l’architecture des
bâtiments offi ciels ou de la cour.
FIG. 7 (À DROITE) : Cimier
tsesah. Peuples Bangwa,
région des Grassfi elds,
Cameroun.
Bois. H. : 46 cm.
Collecté par Adam Pollock et Robert
Brain à Fotabong I, 1967.
The British Museum, Londres,
inv. 1973 A.F. 36.1.
© The Trustees of the British Museum.
DOSSIER
cussions de Harter et Pollock qui ont déclenché la
frénésie des marchands et des collectionneurs. Les
marchands étaient parfaitement au courant de l’existence
de ce genre distinctif qui, en l’espace de cinquante
ans, avait progressivement affi rmé son statut
d’icône au sein du canon esthétique de l’art africain,
particulièrement en ce qui concerne le cimier conservé
aujourd’hui au Museum Rietberg (fi g. 3).
DU SIMPLE OBJET ETHNOGRAPHIQUE AU
CHEF-D’OEUVRE : LE TSESAH DU RIETBERG
D’après des photos et des descriptions publiées dans
pas moins d’une vingtaine d’études consacrées à
l’art africain, datant des années 1920 aux années
1970, et qui mentionnaient le cimier tsesah du Rietberg,
nous pouvons suivre l’évolution de son statut
depuis le moment où il a quitté le Cameroun.
Avant d’apparaître dans l’ouvrage d’Einstein
Afrikanische Plastik en 1921, il avait été photographié
et illustré dès 1914. Cette année-là, Umlauff
réalisa un somptueux recueil de photographies en
guise d’argument commercial destiné à des acheteurs
potentiels, en particulier les musées ethnographiques
d’Europe et des États-Unis9 (fi g. 11). Cet
album contenait non seulement des centaines de
plaques photographiques illustrant des oeuvres en
vente, mais également une série de photos prises au
Cameroun, dont des portraits et des oeuvres in situ,
et même des méthodes d’empaquetage pour l’expédition.
Le nom de la société Umlauff, auquel était
désormais accolé le mot « musée » afi n d’affi rmer
son caractère scientifi que, est imprimé en gras en
haut des pages. Au sein de ce recueil, « Tafel 102.
Tanzmasken aus Holz » (planche 102 : masques de
danse en bois) montre le cimier accroché légèrement
de travers à un mur, au centre d’un groupe de dix
masques et coiffes agencés de façon symétrique. Les
oeuvres sont numérotées et correspondent à une légende
imprimée au bas de la page. Un mètre ruban
donne une idée de l’échelle. Le cimier tsesah, portant
le numéro 460, est identifi é comme provenant
de Bamendjo. Cette photo, tout comme l’album