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bouret d’orateur au poteau représentant la moitié
et à travers elle le clan (ngaiva en Iatmul et yarunk
en chambri) qui a fait construire l’édifice.
Outre son implantation différente, la différence
majeure entre une maison familiale et une maison
cérémonielle tient à son élévation. Une maison cérémonielle
doit être construite sur deux niveaux.
Le sol constitue le niveau inférieur tandis que le
niveau supérieur (irman andano en chambri) est
supporté par des poteaux courts. L’espace social
le plus important est situé dans la partie inférieure.
Les maisons familiales, quant à elles, sont
construites sur pilotis et ne comportent qu’un seul
niveau habitable. À Chambri et contrairement aux
maisons des villages du bord du fleuve, la partie
inférieure ne sert que rarement d’espace social.
On ne trouve qu’un seul tabouret d’orateur par
maison cérémonielle10, mais il se peut qu’un village
possède plusieurs tabourets si plusieurs maisons cérémonielles
y ont été érigées. Les villages de Chambri
font exception et il n’y existe aujourd’hui qu’un
seul tabouret d’orateur, même si on y dénombre
de très nombreuses maisons cérémonielles. Il se
trouve dans la maison cérémonielle Walindimi et
a été sculpté par Peter Pambang. Certains hommes
de Chambri affirment que parmi ces « tabourets
d’orateur », il en existait deux sortes. Le premier
est public ; il est utilisé par tout le monde : c’est
l’enawinamp. L’autre, qui est réservé aux aînés, ne
serait utilisé qu’en fin de débat. On le nomme kurir
enawinamp, littéralement le « tabouret d’orateur
de la maison ». Il est possible qu’aujourd’hui cette
distinction soit devenue caduque. Trois tabourets
d’orateur sont conservés dans des collections occidentales.
Les deux plus anciens ont été rapportés
par Margaret Mead et sont conservés à l’American
Museum of Natural History à New York. L’exemplaire
en figure 14 a été identifié par Peter Pambang
et Angelus Mepi comme provenant de la maison
cérémonielle Yangrambit à Indigai. Il se présente
comme un awinamp à trois pieds avec la présence
d’un personnage debout dont l’anatomie générale
s’apparente aux figures sculptées des plus grands
crochets avec un corps élancé (fig. 18). Il ne porte
pas de décor gravé mais quelques bandes blanches
évoquant des bracelets au niveau des poignets et
des bras. Le visage, lui, présente un important décor
peint. Le personnage est coiffé de plumes de
casoar. Le second (fig. 20) est pourvu d’un collier
et d’un cache-sexe en fibres. Le troisième appar-
TABOURETS D’ORATEUR DU MOYEN SEPIK