TSESAH
des membres les plus redoutables de plusieurs associations
importantes, dont la mkamvu’u, la société
msop était responsable de la protection du fon. Elle
avait de plus un rôle central lors de l’intronisation
d’un nouveau chef, ainsi que pendant son initiation
et sa formation30. Outre les somptueux trônes ornés
de perles, le tsesah était un accessoire de choix pour
marquer ces moments délicats de la transmission du
pouvoir lors de la mort d’un souverain. Selon Notué,
le cimier était probablement présent lors du conseil
organisé pour choisir un nouveau fon, et contribuait
également à maintenir la continuité dynastique en
apparaissant à la fois aux funérailles d’un fon et aux
rites d’intronisation de son successeur31. À ce titre, il
faisait écho, de manière visuelle, à l’expression « Il
s’en est allé, mais il est de retour », semblable à celle
qui accompagnait l’avènement d’un nouveau monarque
en France : « Le roi est mort, vive le roi ! ».
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gna probablement au début du XVIIIe siècle26. Harter
explora également les pistes suggérées par Tahbou,
mais observa des similitudes stylistiques entre
des exemplaires spécifi ques, ce qui l’amena à penser
qu’ils étaient l’oeuvre d’un seul artiste27. Parmi eux
fi gurent les cimiers du Rietberg et du Fowler qu’Harter,
en se basant sur leur style, attribua à un unique
sculpteur, à différentes époques de sa carrière28. Cet
artiste est désormais reconnu comme le Maître de
Bamendjo29. De manière générale, nous savons aujourd’hui
que même si la forme particulière de ces
cimiers est homogène, des variations signifi catives
sur le plan du style indiquent qu’ils ont été créés sur
plusieurs générations par des artistes différents. Les
cimiers tsesah témoignent de la transmission du savoir
de génération en génération, de la liberté de ces
artistes et de l’innovation créative dont ils ont fait
preuve en interprétant un genre en mutation.
Le rôle des tsesah était étroitement lié à la structure
fortement hiérarchique des chefferies Bamiléké,
dans lesquelles le fon tout-puissant revêt des attributs
sacrés ainsi qu’une autorité territoriale, civile
et militaire. Pour contrebalancer son pouvoir, le
fon est entouré d’un certain nombre d’associations
composées de fonctionnaires de haut rang, la plus
importante étant un conseil de neuf anciens de la
lignée, nommé mkamvu’u (littéralement, les « neuf
notables »). À Bandjoun, Tahbou était le premier
membre de ce conseil. D’après lui, les apparitions
des tsesah étaient rares et intimement associées au
personnage du fon mais également au mkamvu’u,
à travers des danses destinées à symboliser la souveraineté
de la chefferie (fi g. 17). Les cimiers tsesah
pourraient également être liées à la société de
guerriers connue sous le nom de msop. Composée