HOMMAGES
Tim Hunt 1957–2017
TIM HUNT a récemment ré-émergé dans le monde de l’art
tribal en tant que marchand d’art africain et océanien basé
à New York. «Ré-émergé», car il avait débuté sa carrière au
département d’art tribal de Christies à Londres en 1980 où
il a travaillé avec Hermione Waterfi eld et Bill Fagg. Il a quitté
Christie’s en 1986 pour un long séjour à la Andy Warhol
Foundation for the Visual Art à New York où, pendant près
de trente ans, il a été conservateur en chef et a dirigé les ventes
des oeuvres d’art de Warhol de la fondation. Tout au long de
son parcours au sein de la scène artistique contemporaine, qui
comprenait sa participation à d’importantes foires d’art annuelles
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comme Art Basel, Frieze et Maastricht, Tim a conservé
un intérêt pour l’art tribal et prenait régulièrement le temps de
visiter des foires tribales internationales à New York, Paris,
Bruxelles et San Francisco. Tout en aimant sa vie proche de
Warhol, le coeur de Tim était lié aux gens et à l’art qu’il avait
initialement connus à Londres. Après que la fondation eut
choisi d’externaliser ses activités de vente, Tim partit de son
côté, ouvrant une élégante galerie dans l’Upper East Side, où
il proposait de l’art africain et océanien côte à côte avec des
oeuvres d’art contemporain et des objets d’usage. Il aimait particulièrement
l’abstraction exprimée dans l’art de la fi bre et les
tapa, thème de sa première exposition en mai 2015.
Connaisseur d’art chevronné à l’accent chic, sa vie fut pour
le moins surprenante. Pendant ses études à l’université d’Oxford,
il a fondé le Dangerous Sports Club, ce qui l’a amené
à se confronter à la loi à plus d’une occasion – en étant le
premier à sauter à l’élastique depuis un pont, pour ne prendre
que cet exemple. Au début de sa carrière, il a travaillé comme
mannequin. Il était résolument excentrique, et son incroyable
appartement, en face du Brooklyn Museum, hébergeait non
seulement sa famille mais aussi une bande de furets, connus
pour s’égarer dans le bâtiment.
Pendant toutes ses années à New York, Tim resta typiquement
anglais. Mordu de mode, il était généralement vêtu d’un costume
écossais coloré et d’une chemise brillante qui contrastait
de manière charmante avec sa coupe au carré. Avec son humour
pince-sans-rire et son sens de l’observation, c’était un excellent
compagnon pour partager un déjeuner ou une soirée, raconter
des histoires et échanger des potins autour d’un ou deux martinis
très secs à l’un de ses abreuvoirs préférés. Le plat signature
de Tim était ses oeufs à la diable. Ils étaient extrêmement savoureux,
mais il ne les mangeait jamais lui-même. Nous en avons
eu lors de notre dernière nuit ensemble dans son penthouse, où
nous avons regardé le plus beau coucher de soleil de New York.
Même alors, il essayait de séduire une jeune pousse du marché
de l’art pour venir travailler/partager le Parcours avec lui.
Tim nous a quittés en cette fi n de novembre, bien trop tôt. Il
nous manque douloureusement.
Kevin Conru
CI-DESSUS : Tim Hunt, New York, mai 2017.
Avec l’aimable autorisation de Rita Fryer.
À DROITE : Jan Baum, 2007.
Photo : Carlos Chavez/Los Angeles Times. Getty Images.