Jean Guiart sur le terrain. C’est le cas, en l’occurrence,
100
du très beau tabouret sculpté par Tuupa à
Aibom (fi g. 6). D’autres objets, comme le numéro
72.1966.3.8 provenant de Kaminimbit ou l’oeuvre
72.1966.3.28 furent acquis par Guiart auprès
de marchands australiens. Cinq autres tabourets
d’orateur (inv. 72.1963.5.29, 72.1963.5.30,
72.1963.5.31, 72.1963.5.32, 72.1963.5.332) appartiennent
vraisemblablement à une même série
tant leur style est proche. Ils furent achetés au
marchand Lissauer en 1963. Du même marchand
provient une oeuvre (inv. 72.1964.13.1) de plus
belle qualité achetée l’année suivante. Un tabouret
au décor foisonnant, inventorié sous le numéro
72.1966.3.28, affi che la même provenance. Il semblerait
avoir été réalisé dans la région de Kambot,
à un endroit pourtant où, traditionnellement, ces
tabourets ne sont ni fabriqués, ni utilisés.
Dans les années 1990, Christian Coiffi er, alors
responsable des collections Océanie au musée de
l’Homme, achète à Kanganamun le tabouret en
fi gure 7, sculpté par James Ymbun. Le village en
question abrite la plus grande maison cérémonielle
de la région. Elle conserve encore son tabouret
d’orateur ancien, dont la version achetée pour le
musée de l’Homme s’inspire directement. Enfi n,
le dernier tabouret à entrer dans les collections du
musée de l’Homme est donné en 2003 par Martin
de Monmayrant (inv. 71.2003.5.2). Il est caractéristique
d’une production massive dont le village
de Korogu s’est fait la spécialité : d’immenses sièges
(celui du musée mesure deux mètres cinquante et
un de haut) destinés à orner des bâtiments publics
ou les halls d’accueil de grandes entreprises.
Les deux tabourets achetés depuis l’ouverture du
musée du quai Branly - Jacques Chirac sont beaucoup
plus anciens que les exemplaires jusqu’alors
conservés dans les musées français. L’un d’entre
eux fut acheté au moment de l’ouverture du musée,
lors de la vente de la collection Vérité (fi g. 8
a-b). Passé auparavant entre les mains de deux
autres marchands, Arthur Speyer et Ernest Ascher,
ce tabouret appartient à un type sculptural bien
connu caractérisé par un soin particulier accordé
au rendu du visage, au détriment du traitement du
corps de la fi gure dont les proportions semblent
atrophiées. La dernière acquisition en date (fi g. 1 et
9 a-b) est représentative du second style principal.
Le corps est traité de manière naturaliste et présente
une morphologie allongée. La tête ovale fi nement
sculptée n’est pas sans rappeler l’esthétique
des crânes surmodelés (fi g. 10). Cet objet, avant
de faire partie de la collection de Madeleine Meu-
FIG. 3 (CI-DESSOUS) : Vue
du fl euve Sepik au niveau
d’Ambunti PNG. Janvier
2016.
© Archives de l’auteur.
FIG. 4 (EN BAS) : Carte de la
région du Moyen Sepik d’où
proviennent les tabourets
d’orateur dont il est question
dans cet article, PNG.
© Tribal Art magazine.
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