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lement de nombreuses pratiques qui semblent à la
fois spécifiques à chacun des trois groupes Iatmul
ou aux Chambri mais aussi à chacun des villages de
cette zone géographique.
Si dans les langues européennes (en français « tabouret
d’orateur », en anglais « orator’s stool », en
allemand « Zeremonialstuhl3 » ou plus rarement
« Figurstulh »), mais aussi comme nous le verrons
dans de nombreuses langues locales, ces objets
sont nommés sièges, on ne s’assied jamais dessus4.
Comme c’est souvent le cas, la terminologie occidentale
ne correspond pas au lexique employé localement
dans les langues du Sepik pour lesquelles
nous avons des informations. Cependant les termes
employés dans les langues européennes et locales
mettent en évidence des traits importants relatifs à
l’usage de cet objet. Tout d’abord, il a bien la forme
d’un tabouret individuel. Les sièges, et il convient
d’en souligner d’entrée le particularisme, sont rares
dans les sociétés du Pacifique. En effet, nous ne
trouvons de tabourets que sur une partie du cours
moyen du Sepik. Ailleurs en Papouasie-Nouvelle-
Guinée, on s’assied généralement sur une natte, ou
bien parfois sur un morceau de bois.
Les termes utilisés localement pour parler de ces
objets sont nombreux et ils sont bien documentés
dans deux langues : le iatmul, qui correspond
à trois groupes sociaux distincts5 mais qui parlent
une langue assez unifiée, et le chambri. Enawinamp
est le terme utilisé en chambri. Si le préfixe en- reste
inexpliqué, le corps du mot est utilisé dans cette
langue pour parler des tabourets que l’on rencontre
communément dans les maisons des hommes
comme dans les habitations domestiques (fig. 15).
Les travaux de Christian Coiffier, repris dans
sa thèse soutenue en 1994, nous offrent un plus
grand nombre de vocables pour la langue iatmul.
Ce dernier distingue en effet : kawa tɨgɨt, kau tɨgɨt
et wandi tɨgɨt. On rencontre alors les termes kawa
tɨgɨt (littéralement « le siège à cordyline ») ou kau
tɨgɨt (le siège pour les combats) les deux termes
semblant être employés sans distinction. Selon
Coiffier, on rencontre aussi le terme wandi tɨgɨt (le
« tabouret-lotus » ou « tabouret-fleur de lotus »),
et ce type de siège se trouve dans les ntegal (petites
maisons de réunion pour les jeunes hommes) ; il
serait moins prestigieux et plus sommairement
sculpté6. Le wandi tɨgɨt préfigurerait le kawa tɨgɨt,
lié à la grande maison des hommes ngego, tout
comme l’architecture et les usages sociaux encore