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FIG. 4 (CI-DESSUS) : Crochet
double. Tonga. Avant 1876.
Ivoire de baleine, perles de verre.
H. : 12,2 cm.
Présenté à Sir A. Gordon à Fidji par Ratu
Tevita Madigibuli, 1876. Museum of
Archaeology and Anthropology, université
de Cambridge,1955.247.
FIG. 5 (CI-DESSOUS) : Lisa
Reihana (née en 1964), In
Pursuit of Venus Infected
(détail), 2015-2017.
Vidéo, ultra HD, couleur, son 7,1, 64 min.
Auckland Art Gallery, Toi o Tamaki, don des
Patrons of the Auckland Art Gallery, 2014.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste et
d’ARTPROJECTS.
presque kaléidoscopique de cultures et de traditions
artistiques. Bien que les communautés se soient
adaptées aux circonstances dans chaque nouvel environnement,
l’eau était, bien entendu, un élément
constant pour maintenir la vie et élaborer des systèmes
de croyances cosmologiques. Des rivières et
marais de forêts tropicales denses aux lagons qui
encerclent les atolls coralliens, l’océan et ses profondeurs
sous-marines étaient utilisés comme des métaphores
d’histoire et d’identité, indiquant le passage
spirituel entre la vie et la mort. Aujourd’hui encore,
les cours d’eau transportent les défunts vers les puissants
mondes des morts Pulotu et Hawaiki, terres
ancestrales où résident les esprits des aïeux.
L’exposition Oceania de la Royal Academy présente
le paysage caractéristique de la région comme
une route vitale et particulièrement interconnectée
qui relie les peuples du Pacifi que en un réseau
d’échanges et de rencontres dynamiques. L’exposition
inclut une étonnante série de quelque deux cents
oeuvres d’art, allant de sculptures du XIVe siècle à
des tableaux du XXIe siècle, comme l’odyssée de
dix mètres de large et deux mètres soixante-dix de
haut de l’artiste niuéen John Pule, Kehe tau hauaga
foou (À toutes les nouveaux arrivants) de 2007 (fi g.
3). Elle est articulée autour de trois thèmes principaux
qui guident le visiteur et renforcent les fondements
conceptuels étroits reliant ce qui semble être
(à un niveau formel du moins) des traditions artistiques
radicalement distinctes. « Voyaging » évoque
l’histoire extraordinaire de la navigation à travers
ce vaste paysage, présentant les arts associés aux
voyages en mer : les pagaies décorées et hameçons
parfaitement conçus ont un but rituel et pratique
connu, des poupes de pirogue délicatement sculptées
et des proues décorées des îles Salomon sont
incrustées de morceaux de coquillages destinés à
capter la lumière (fi g. 1). Une carte de navigation
emblématique des îles Marshall est d’une simplicité
trompeuse : cette grille de bâtons noués ne faisait
pas offi ce de carte littérale, mais était utilisée comme
outil mnémotechnique pour déclencher la richesse
des connaissances intangibles nécessaires pour les
voyages de longue distance. En utilisant les indices
visuels et sensoriels de l’atmosphère, les prêtresnavigateurs
hautement qualifi és avaient appris à «
lire » leur chemin à travers les paysages océaniques
en constante évolution : en fi xant une étoile ou
constellation comme point de référence dans le ciel,
ils parvenaient à voguer jusqu’à destination.
Un deuxième thème, « Making Place », explore
les façons incroyablement innovantes dont les habitants
des îles ont créé et colonisé des terres dans ces
zones géographiques très distinctes, construisant des
habitations sur des sites sacrés où ils pouvaient interagir
avec leurs dieux dans cet étroit espace de vie
entre ciel et océan. Les oeuvres d’art de cette section
de l’exposition racontent une multitude d’histoires
en lien avec les origines, le pouvoir ancestral, les
performances, le secret et l’initiation. Elles comprennent
certaines des grandes oeuvres de l’art océanien,
comme les façades sculptées et minutieusement
peintes des maisons de cérémonie, les reliquaires
crocodiles de la région du Sepik de Nouvelle-Guinée
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