MOSAÏQUES DE PLUMES
des hommes reconstituée (Piepke 2012 : 561,
fig. 2). Les quatre exemplaires restants de ce groupe
ont été donnés par Kirschbaum à Bateson, qui les a
envoyés au Museum of Archaeology and Anthropology
BAISSE DE PRODUCTION
Quand Cornelius Crane du Field Museum of Natural
History de Chicago visita les villages de Kambaramba,
Gorogopa et Geketen avec le père Kirschbaum
en 1929, toutes les mosaïques de plumes précédemment
recensées par Kirschbaum avaient disparu.
En 1930, l’officier de patrouille John Keith McCarthy
constata l’utilisation de mosaïques de plumes
sur le cours supérieur du Yuat. Contrairement aux
mosaïques Keram qui étaient fixées avec des bandes
de fibre libérienne, ces plumes coupées étaient assemblées
avec de la résine végétale. Les panneaux
finis étaient ensuite assemblés dans la maison des
hommes formant une structure de trois mètres sur
deux. Quand McCarthy retourna dans ces villages
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aux États-Unis. Le Missiemuseum de Steyl aux Pays-
Bas contient toujours sept mosaïques de plumes qui
sont entrées dans la collection avant 1929 et ont probablement
été collectées par Kirschbaum. De 1915 à
1916, il collabora avec Thurnwald sur des projets de
recherche au poste de Marienberg, où les Australiens
avaient forcé l’anthropologue à résider.
En 1925, Kirschbaum acquit vingt-deux mosaïques
de plumes dans le village de Panyiten (Panyaten)
sur le cours supérieur de la rivière Keram, mais
n’avait pas les fonds nécessaires pour les envoyer
à Rome. Quand Gregory Bateson (1904-1980) est
passé dans la région cinq ans plus tard, Kirschbaum
lui demanda d’envoyer dix-huit de ces mosaïques à
Rome. La plupart ont été exposées jusqu’en 1962
dans une vitrine du palais du Latran à côté d’une
de Cambridge.
quelques années après, les locaux lui dirent que les
missionnaires avaient détruit toutes les mosaïques
parce qu’ils les considéraient comme des oeuvres
païennes (McCarthy 1963 : 64-65).
En 1935, le propriétaire de plantations et marchand
de curiosités Ernest John (E. J.) Wauchope
(1889-1969) fut chargé par l’Australian Museum
d’acquérir des artefacts. Les cinq dernières mosaïques
connues qui quittèrent la Nouvelle-Guinée
furent envoyées à Sydney en 1936 par Wauchope
(Australian Museum, Wauchope lettre 27.5.1936).
Dans une lettre au musée, ce dernier déplore la présence
de nombreux missionnaires dans les villages,
qui interdisaient la production d’art traditionnel
(Australian Museum, Wauchope lettre 29.8.1938).
Il semblerait que dans les années 1930, la motivamaison
Pater Franz Kirschbaum (1882-1939), un jeune
missionnaire de la mission catholique de la Société
du Verbe Divin (Societas Verbi Divini, SVD en abrégé),
arriva en Nouvelle-Guinée en 1907, sur l’île de
Tumleo, le quartier général des missionnaires de la
SVD (fig. 8). Son expérience de linguiste et ses études
d’anthropologie firent de lui le candidat idéal pour
explorer la région à la recherche d’emplacements
pour de nouveaux postes de mission. En 1907, il fonda
le poste de mission de St-Gabriel, à l’ouest d’Aitape,
et en 1913 le premier poste intérieur de Marienberg
sur le Sepik (Steffen 1981 : 789). Au fil des ans,
Kirschbaum développa de solides connaissances sur
la population locale, ses traditions et ses mythes. À
travers ses nombreux voyages d’exploration le long
du Sepik et ses affluents, il collecta un grand nombre
d’artefacts. La collection Kirschbaum du Musée ethnologique
du Vatican compte plus de huit cent cinquante
pièces (Piepke 2012 : 561), mais bien d’autres
ont probablement été envoyées aux musées locaux de
la SVD aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et