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Martin Wright 1930–2018
NÉ EN 1930 durant la Grande Dépression, Martin Wright
n’a jamais considéré ses succès comme acquis. Travailleur
acharné, il a étudié le droit et l’administration des entreprises
avant de se spécialiser en droit fi scal, ce qui l’a conduit à une
brillante carrière d’avocat et de comptable agréé.
Marié à Faith-Dorian, une artiste qui adorait et collectionnait
les arts amérindiens, africains et océaniens, Martin s’est
engagé dans l’acquisition d’une forme d’art qui ne lui était
pas familière au début. Cependant, il s’est efforcé d’acquérir
le meilleur dans ces domaines, devenant fi nalement un collectionneur
amoureux et hautement qualifi é. Suivant son sens de
l’aventure et son intérêt philosophique pour l’art, Martin a
voyagé de l’Île de Pâques au Mali, de l’Alaska à Bali, et dans
de nombreuses autres contrées mais, par
principe, ses acquisitions ont toujours été
faites en Europe et aux États-Unis. Ensemble,
Faith-Dorian et lui sont devenus
des membres infl uents des comités de collection
de grands musées, parmi lesquels le
Musée d’Israël, pour lequel Martin a oeuvré
sans relâche et bénévolement afi n d’enrichir
son fonds d’art africain, océanien et de la
Côte nord-est américaine. Martin devint
conservateur honoraire principal du département
AOA du musée.
En 1984, en préambule au symposium
Art as a Mean of Communication organisé
au Musée d’Israël en hommage à et avec la
participation de Claude Lévi-Strauss, Martin écrivit : « L’État
d’Israël a toujours été important pour moi et c’est pourquoi,
au printemps 1976, mon épouse Faith-Dorian et moi-même
avons décidé de constituer une collection d’art primitif pour
le Musée d’Israël. Nous nous sommes engagés à installer une
galerie consacrée à l’art des îles du Pacifi que et des Indiens
d’Amérique du Nord. Cela a été achevé en décembre 1980.
Nous avons ensuite entrepris l’installation de la galerie consacrée
à l’art africain, dont l’ouverture est prévue en 1984 ».
C’est en effet ce qui s’est passé. Les galeries qui portent le
nom des Wright sont devenues le principal centre d’intérêt de
Martin, et il devint le donateur principal et le plus actif du
département AOA du Musée d’Israël, contribuant à la fois en
fi nancement et en temps à l’extension de la collection.
Pendant près de quarante ans, l’engagement de Martin auprès
du Musée d’Israël s’est traduit par une longue liste de dons
majeurs qui ont considérablement renforcé les collections de
l’AOA. Il ne manqua jamais une occasion d’impliquer d’autres
collectionneurs et, avec l’aide de Martin, de nombreuses pièces
uniques et rares furent données au fi l des ans, de même que des
collections entières provenant des États-Unis, d’Europe, d’Asie
et d’Amérique latine.
Avec le soutien exemplaire et le parrainage de Martin, la
collection du département AOA du musée compte aujourd’hui
plus de neuf mille trois cents objets de diverses traditions
culturelles, embrassant quatre continents
et quatre millénaires. Martin a également
amené en Israël ses bons amis qui, grâce à
leurs spécialités, ont contribué à la création
du département. L’un des premiers
fut Douglas Newton, alors directeur du
département d’art primitif du Metropolitan
Museum of Art de New York, qui conseilla
notre musée sur ses fonds d’art africain et
océanien, lesquels reposaient alors sur trois
grandes collections qui avaient déjà été
données. De même, Leon Siroto a participé
à la conception de la première exposition
d’art africain. En 1997, Martin demanda à
Newton de produire, en collaboration avec
Kate Ezra, des articles scientifi ques pour African and Oceanic
Art in Jerusalem, le catalogue des pièces majeures du département,
publié en 2002.
Le rêve de Martin était que le meilleur des arts d’Afrique,
d’Océanie et des Amériques soit exposé à Jérusalem pour la
postérité. Pour les conservateurs du département, son enthousiasme
pour les objets qu’il aima et qui l’entourèrent jusqu’à
sa mort, ainsi que la joie qu’il éprouvait à les partager avec le
public israélien et international, étaient et seront toujours le
vent sous nos ailes.
Dorit Shafi r