Les derniers Kalash
LYON—Fêtes himalayennes, les derniers Kalash,
jusqu’au 1er décembre 2019, lève le voile sur une partie
un musée français. Grâce au travail de deux chercheurs
et photographes lyonnais dans la seconde moitié du XXe
siècle, le musée des Confl uences révèle les croyances
et coutumes kalash, une communauté de quelque trois
mille habitants vivant dans les montagnes à l’opposé
de nos modes de fonctionnement et de consommation.
L’exposition raconte l’aventure de ces néo-ethnologues à
la croisée des mondes et des religions et à la découverte
de pratiques religieuses jusque-là inconnues : un monde
peuplé de fées bienfaitrices appelées suchi, parsemé de
fêtes rituelles en hommage aux dieux, ou célébrant la
générosité des Grands hommes. En résulte un art empli
les dépositaires de la mémoire humaine, matérielle et
immatérielle. Une occasion d’observer également comment
monde extérieur, en accommodant ses rites aux religions
venues de l’extérieur comme l’islam, et tente de conserver
établis de la modernité.
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Je suis l’autre :
primitivisme et art moderne
ROME—Deux institutions de renom – le Museo Nazionale
Romano et le Museo delle Culture di Lugano – se
sont réunies afi n de donner naissance cet automne à
une exposition dans la Ville éternelle présentant quatrevingts
sculptures remarquables de l’art moderne du XXe
siècle et de l’art africain et océanien ainsi qu’une sélection
d’oeuvres précolombiennes. L’exposition, intitulée
Je suis l’autre : Giacometti, Picasso e gli altri. Il Primitivismo
nella scultura del Novecento confronte les arts
extra-européens avec les tentatives tridimensionnelles
d’artistes phare des mouvements modernistes du siècle
dernier – Picasso, Giacometti, Derain, Braque, Dubuffet,
Klein… – qui ont puisé leur inspiration dans l’art
nègre. Tous les avant-gardistes connus sont représentés,
et leurs oeuvres font face aux chefs-d’oeuvre anciens.
L’exposition se targue d’un parcours qui ferait écho à la
recherche personnelle, interne et artistique des artistes
du XXe siècle face à la redécouverte de ces arts non
occidentaux qui déformaient les corps, transgressaient
les formes, faisaient preuve d’une capacité
de synthèse et de spiritualité à la fois matérielle
et conceptuelle à faire pâlir ces peintres qui euxmêmes
tentaient de se défaire des carcans
académiques. Le retour en force des
oeuvres africaines et océaniennes fut
vécu comme une véritable libération,
que tente d’expliciter l’accrochage.
À découvrir jusqu’au 20 janvier
dans les monumentales salles
des thermes de Dioclétien.
ACTUALITÉ MUSÉES
CI-DESSUS : Figure
gardienne de reliquaire.
Fang-Mvai, Gabon. Fin du
XIXe siècle.
Bois. H. : 38 cm.
Collection privée, Bergame.
EN HAUT À DROITE :
Figure de Chibinda Ilunga.
Maître de l’école de Moxico,
Chokwe, Angola. Fin du XIXe
siècle.
Bois, cheveux et fer. H. : 40 cm.
Museu de Historia Natural e da Ciéncia
da Universidade do Porto.
méconnue du peuple pakistanais, une première pour
de symbolisme, comme le cavalier au cheval à deux
têtes, qui récompense le plus
généreux des hommes, et un
artisanat textile riche, fruit du
travail des femmes. Sans parler
du patrimoine culturel immatériel
: une langue unique, des rites
ancestraux païens extrêmement
codifi és et dictés par les divinités,
une omniprésence des chamans.
Une vie somme toute bien
remplie qui tourne autour d’une
spiritualité débordante et d’une
nécessité de vivre dans un climat
contraignant. Ce patrimoine
méconnu repose désormais
entre les mains de l’institution,
manifestant une fois encore
à quel point les musées sont
une société recluse s’adapte progressivement au
la fi erté d’un peuple tout en se conformant aux codes
EN HAUT : Statue funéraire équestre gundurik. Chitral,
Pakistan. XXe siècle.
Prêt de Jean-Yves Loude et Viviane Lièvre.
© Photo Olivier Garcin – musée des Confl uences.
À DROITE : Coiffe kalash.
Prêt de Frédérique Vayssac.
© Photo Olivier Garcin - musée des Confl uences.